La
compagnie 22/31 est formée à Satory le 5 septembre 1915 ; le
capitaine Grisard en prend le commandement le 1er octobre. Elle
part cantonner dans la Marne et éxecute différents travaux et exercices.
Le 1er
décembre 1915, la compagnie 22/31, sous les ordres du commandant Grisard,
reçue l’ordre de rejoindre la région des Vosges pour préparer une opération
spéciale. Mais ce n’est qu’une fraction de la compagnie, un détachement
de reconnaissance, prélevé sur l’effectif total, qui se rend en ce début
de décembre dans le secteur. Le 6 décembre, la Cie quitte Montigny-sur-Vesles
pour Bouvancourt où elle exécute des travaux de deuxième position dans
le secteur de la ferme Auboeuf. Le 16 décembre, elle se dirige vers Remiremont.
La compagnie au complet n’arrive dans les Vosges qu’à partir du 16 décembre,
pour un déclenchement de l’opération prévu à la fin du mois, dans la
région de Thann, dans la vallée de la Thur. Ainsi,
le 16 décembre, la compagnie Z 22/31 (bientôt renommée Z 33/1) rejoint
la vallée de la Thur, au nord de Thann, dans le secteur de la 66e
D.I.. La préparation de l’opération fut plus longue que prévu et il
semble que les préparatifs ne furent achevés qu’au 20 janvier 1916.
Malheureusement,
l’arrivée du matériel spécial et son transport, l’indiscrétion des
troupes ne permirent pas de préserver le secret de l’opération. Il
s’en suivi un énervement général de la population et du commandement.
Cette situation fut connue du Président de la République, Raymond
Poincaré, en voyage dans la région, puis par différents membres du
gouvernement. Ils firent remarquer que des populations civiles françaises
importantes vivaient à proximité de la ligne d’émission et que la
nappe de gaz ne manquerait pas de provoquer des pertes parmi ces civils
français. Il semble que Poincaré intervint personnellement pour empêcher
l’opération, en jugeant la perte de populations civiles françaises
comme intolérable. Les militaires français jugèrent que l’opération
ne pouvait avoir lieu sans évacuation de la ville de Thann, ce qui ne
semblai pas réalisable.
A
la date du 30 janvier, la compagnie Z reçue l’ordre de se tenir prête
à opérer. On remarqua alors
dans les tranchées ennemies, des essais de rampes de feu destinées à la
protection contre les gaz ; l’opération était donc connue également
de l’ennemi et fut finalement ajournée et définitivement
annulée.
La
compagnie fut alors dirigée vers le Thillot le 5 février, mais le matériel arrivé en
pleine nuit fut installé tout près de la gare, à la vue de tous les
voyageurs. En hâte, des bâches furent demandées au commandant du
cantonnement de la gare, qui refusa...
Les
conclusions sur les préparatifs des opérations spéciales furent
rapidement tirées : « une compagnies Z arrivant dans un
secteur ne doit pas être astreinte aux mêmes démarches qu’une unité
quelconque sous peine d’attirer l’attention et de compromettre l’opération
projetée (…) ; elle doit être isolée le plus possible de tout
autre troupe ou de civils (…) ; le matériel qui doit rejoindre le
plus tard possible la compagnie, doit être transporté de la gare aux
abris d’attente la nuit ».
Suite à l’échec de l’opération de Thann, le commandant
Chevalier fut remplacé par le chef de bataillon Bloch, commandant le génie
de la 129e D.I.. Puis le capitaine Franceschi fut nommé pour
remplacer le capitaine Grisard, à la tête de la compagnie 22/31. Le 28
avril, la compagnie 22/31 reçut l’ordre de s’installer dans la région
du Violu, dans le secteur des 41e et 46e DI (1er Brigade de Chasseurs
Alpins). En effet, il a été jugé que la région du Violu se prêtait
mieux à une émission par vague par matériel léger.
Opération
du Violu, le 3 juin 1916 :
Avec
tous mes remerciement à Guilhem Laurent qui m'a transmis l'intégralité
de ses sources et de ses documents et qui a réalisé une étude
particulièrement fouillée et extrêmement pertinente sur l'opération du
Violu in Opération spéciale sur le Violu (nuit du 2 au 3 juin 1916),
Dialogues Transvogiens, 2005-20, p9-58, Laurent Guilhem.
Les
premières reconnaissances ont lieu le 14 mars 1916, avec le commandant de
la Cie et le commandant Bloch. Sur un front de 2000m, trois point sont
particulièrement rapprochés des lignes allemandes et se prêtent
particulièrement à une opération. Dans
la région de Fort Regnault, sur une longueur de 160 mètres : "La
proximité de la ligne est immédiate (10 à 15 mètres) sur une longueur
de 150 m. environ. Les tranchées de première ligne ont des revêtements
en clayonnage, rondins et treillis métallique qui rendraient difficile la
création d'abris pour le matériel".
Dans la région du Violu Nord, sur une longueur de 200 mètres : "Région
boisée, la ligne ennemie se trouve à proximité immédiate. Les
difficultés restent les mêmes pour la création d'abris pour le matériel".
Et enfin dans la région du Violu sur une longueur de 400 mètres : "La
ligne ennemie est à proximité immédiate. La région est boisée mais très
abîmée par les bombardements fréquents". Seule une opération
par matériel léger est envisageable, la nature du terrain ne permettant
pas la construction de postes d'émission. Une étude météorologique
précise du secteur est alors entreprise. Ses conclusions permettent de
prévoir l'opération, avec quelques réserves pour le secteur de Violu
nord.
Le
26 avril commence la construction d'abris de bombardement. Le 27, les
abris d'attente sont également commencés à Cude et Lauterupt et la Cie
s'installe dans le secteur. Le 4 mai, le matériel léger arrive en gare
de Fraize ; il est transporté dans stocké dans une baraque à Lauterupt.
Dès le lendemain débute la construction des tubes d'émission et le
montage de bretelles sur les bouteilles. Les liaisons téléphonique
partant du poste de commandement sont débutées le 11 mai. Le 23
mai, les bouteilles sont transportées jusqu'aux abris d'attente (600
bouteilles). Un
prisonnier polonais pris à la Chapelotte déclare que les troupes
allemandes en poste au Violu craignent une émission par vague et ont pris
des dispositions pour s'en protéger. Le 27 mai, un exercice d'émission
est réalisé entre 20 et 24h00. L'ennemie ne réagit pas, en dehors de
quelques fusées éclairantes et de quelques grenades. La Cie est prête
à opérer.
La
vague doit être exécutée sur trois secteurs. La 1re section
sur Violu Centre (postes d'émission numérotés de 1 à 46, 300
bouteilles manipulées par 90 sapeurs). La 2e section sur Violu
Nord (postes d'émission numérotés de 51 à 84, 212 bouteilles manipulées
par 68 sapeurs). La 3e section sur Fort Regnault (postes d'émission
numérotés de 101 à 108, 90 bouteilles manipulées par 18 sapeurs).
Deux
plans d'ouverture des bouteilles sont prévus. Si la température
extérieure est inférieure à 8°, ouverture des 2/3 des bouteilles à
l'heure fixée et le reste 5 minutes après. Si elle est égale ou
supérieure à 8°, ouverture du 1/3 des bouteilles à l'heure fixée d'un
autre tiers 4 minutes après et du restant 9 minutes après. Plusieurs
coups de main sont planifiés avec les chasseurs du 22e BCA, avec pour
objectif la prise de prisonnier ou de cadavres ennemis, la destruction des
entrées de sapes et de mines.
Plusieurs
alertes se succèdent jusqu'au 2 juin. L'Etat major prépare la
grande offensive sur la Somme et souhaite récupérer la Cie au plus vite.
Le général commandant la 46e DI est ainsi sommé d'exécuter
l'opération au plus tôt, dès que les conditions météorologiques le permettront.
L'objectif de l'opération est revu à la baisse et les coups de main
n'ont désormais plus que pour objet d'observer les résultats de
l'émission. Les conditions favorables semblent réunies le 2 juin dans
l'après-midi. La Cie est alertée à 18h30 et reçoit l'ordre de porter
les bouteilles en ligne. L'opération est délicate, les tranchées étant
parfois séparées par 5 à 6, mètres tout au plus. Tout se déroule dans
le silence le plus complet et le matériel est en place à 23h30. A 21h,
l'heure H est fixée entre 22h30 et 1h00. D'après les observations
réalisées, le vent perd son intensité après 2h00. A 0h25, le message
conventionnel fixant l'heure d'opération à 1h30 est lancé, malgré les
incertitudes météorologiques et les hésitations des officiers
supérieurs. Le vent est faible, trop faible pour déclencher l'opération
; tout le monde est dans l'attente qu'il se renforce, malgré sa direction
constante. L'Etat major de la division semble avoir forcé la décision. A
0h52, le vent oscille entre 1 et 2 m/s ; il a été convenu de ne pas
déclenché l'opération sous un vent en dessous de 2m/s, mais il semble
alors se renforcer. L'opération devant avoir lieu avant 2h00, il est
alors impossible d'attendre plus longtemps. En première ligne, les
sections reçoivent l'heure d'émission entre 1h05 et 1h15. Mais au même
moment, le météorologiste de la 1er section (Violu centre) constate que
le vent tombe alors brusquement et change de direction. Immédiatement mis
au courant par téléphone, le commandant donne l'ordre de cesser
l'opération à 1h27. Malheureusement, celle-ci débute à Violu Nord et
Fort Regnault, où les conditions sont encore bonnes, pour quelques
minutes. 300 bouteilles sont ouvertes, mais le vent change brusquement de
direction. A 1h37, la vague envahie la tranchée française à Fort
Regnault ; les bouteilles sont aussitôt fermées. A Violu Nord, même
situation à 1h39. Mais dans ce secteur, la panique gagne quelques sapeurs
qui s'enfuient et accrochent les lances à leur passage, les faisant
tomber dans la tranchée alors qu'elles continuent à émettre du gaz. Il
semble que dans ce secteur, certains hommes aient enlevés leurs masques
pour observer la vague s'éloigner vers les tranchées allemandes.
D'autres possédaient des masques LTN dont l'étanchéité des viseurs
étaient incorrecte.
On
dénombrera 41 intoxications chez les sapeurs et deux décès, 8
intoxications au 22e BCA. Un des décédé est tombé en
syncope alors qu'il se rendait au poste de secours ; il perd la vie en une
dizaine de minutes. L'autre décède peu de temps après son transport à
l'ambulance de La Croix aux Mines ; "cinq
étaient dans un état très grave ; les autres paraissaient plus légèrement
atteints. Les malades graves étaient cyanosés, en proie à une dyspnée
intense avec toux quinteuse ; l'expectoration était abondante, constituée
par de la spume rosée ou des crachats plus visqueux et de même couleur.
Les malades légers étaient surtout très affaissés, dans un état de
somnolence très marqué".
Sur
les 49 hospitalisés, 17 ont perdu une ou deux vitres anti-buée de leurs
masquesTNH ; 14 ont été surpris par le retour de vague et n'avaient pas
leur masque sur le visage ; 7 ont eu le malheur de sentir passer le gaz "à
la suite d'une mauvaise adaptation sur le visage au niveau de la partie
supérieure ou des parties latérales ; ils n'auraient pas eu le temps
d'en rectifier la mise par suite d'une grande suffocation"
; 8 souffrant d'une gêne respiratoire trop importante ou ayant besoin de
courir pour échapper à la nappe, ont eu le mauvais réflexe d'enlever
leur masque trop tôt. Enfin, il semblerait que 3 chasseurs aient été
surpris dans leur sommeil, le gaz venant les surprendre dans leurs abris.
Aujourd'hui,
les dépouilles des sapeurs Albert Gauchoux et Jean Bourdouleix reposent
dans le carré militaire du cimetière communal de la Croix-aux-Mines. Le
chasseur Armand Delcorn, âgé de 22 ans, originaire du Lot, victime du
bombardement allemand en réaction à l'attaque par les gaz, est enterré
dans la nécropole nationale de Bertrimoutier.
Un
rapport sur les évènements du Violu, rédigé par le
général commandant les troupes allemandes :
"la
veille de l'attaque par le gaz, calme complet chez l'adversaire. Le soir,
avant l'attaque, l'ennemi a engagé une violente lutte à la grenade,
voulant probablement dissimuler, de cette façon, les derniers préparatifs
pour l'attaque par les gaz. Ce stratagème lui a d'ailleurs pleinement réussi
(…)
"les
guetteurs ont entendu soudain un sifflement comparable à celui qui
accompagne le départ d'une fusée éclairante ou la mise en pièce d'un
tonneau de bière. Immédiatement après, un épais nuage jaune,
blanchissant rapidement, a roulé vers notre ligne. Un des nuages de gaz
émis au Bernhardstein, après avoir franchi notre première ligne, a fait
un crochet brusque vers le sud-est dans la direction de la vallée de
Vergauchamps. Les nuages de gaz émis par les différents postes du Violu
se sont confondus, peu de temps après, en une seule vague compacte qui
s'est mise à suivre, comme un ruisselet, les plis de terrain et les dépressions
du sol, tout en subissant assez fréquemment l'influence des courants qui
arrivaient par endroits, de la montagne. A 500 mètres environ du poste d'émission,
le nuage de gaz, sur l'action des coups de vent locaux, s'était déjà
tellement éclairci qu'il ne provoquait plus que de légers troubles. On
pouvait se dispenser de mettre le masque, par contre, la présence du gaz
a persisté pendant plusieurs heures dans les plis de terrain et les abris
neufs installés à une certaine profondeur dans ces endroits. Des échantillons
de gaz ont été prélevés en vue d'une analyse chimique, les résultats
de cette analyse ne sont pas encore connus. Effets des gaz : les troupiers
légèrement indisposées avaient la figure rouge ; ceux qui étaient plus
gravement atteints avaient le visage violet foncé (coloration cyanotique).
Tous les malades ont gardé d'abord leur connaissance, la faiblesse a
augmenté, le pouls est devenu petit et irrégulier, points douloureux à
la poitrine, oppression, violents accès de toux, crachements de sang,
puis manifestation de lésions cardiaques très graves et résistances à
tous les remèdes, les inhalations d'oxygène ont amené un certain
soulagement ; faible picotement aux yeux. Les chats, les rats et les
souris ont péri par les gaz, l'effet du gaz sur les armes a été peu
considérable"
L'enseignement
le plus important pour nous, c'est que les Français sont en état d'exécution
des attaques au gaz, même dans un terrain qu'on a considéré jusqu'ici
comme absolument défavorable à ces attaques (terrain boisé,
montagneux). Il faut donc réagir énergiquement contre la croyance qu'il
existe des terrains où l'ennemi ne peut pas procéder à des attaques par
émission de gaz (…)
Le procédé employé par l'adversaire pour ses attaques par les gaz, le
fait qu'il a ouvert le feu derrière les positions en 2e et 3e
ligne et qu'aucun indice particulier n'a trahi les préparatifs d'attaque
par les gaz, permettent de supposer que l'ennemi n'a pas eu recours à des
réservoirs, mais que l'émission des gaz a eu lieu, comme d'habitude, à
l'aide de "batteries de bouteilles" installés en 1re
ligne"
Le
bilan du côté allemand s'élève donc à 6 soldats morts et 61 intoxiqués
ayant nécessité une hospitalisation.
Aujourd'hui dans le cimetière militaire
allemand de Sainte-Marie-aux-Mines reposent les dépouilles de Reinhard
Merkel, Martin Heissler, Wilhelm Ahlers (morts le 3 juin 1916) et Josef Münch
(mort le 5 juin 1916), soldats de la première compagnie du B.E.B. 58,
victimes plus que probables de l'émission de chlore du 3 juin 1916.
Le
6 juin, la Cie quitte le secteur du Violu et cantonne à Neuvillers sur
Fave
Durant
les jours qui suivirent, l'artillerie allemande exécuta de nombreux tirs
sur l'ensemble des positions du Violu. Puis, un coup de main est exécuté
par les allemands le 10 juin ; il permet la capture du
sous-lieutenant Jacques Rieussec, de trois caporaux et de quatorze
chasseurs du 22e B.C.A.
"Le 10 juin à 12 h les Allemands
ont commencé le bombardement des positions du Violu et Regnault avec de
gros minen. Vers 13 h 35, des fantassins ennemis sont sortis de leurs
tranchées en face de la gauche de la compagnie du 43e
Territorial occupant le Collet de 907. Après avoir tiré quelques coups
de fusil, qui ont amené une vive riposte de notre part, ils sont rentrés
dans leurs tranchées. A la même heure, jet intense de grenades par les
Allemands en face de Violu Centre et de Violu Nord. Ces démonstrations
avaient sans doute pour but de nous amener à garnir nos tranchées car,
à partir de 14 h, le bombardement par minen et par obus de tous calibres
prenait une extrême intensité soutenue jusqu'à 19 h, sauf un
ralentissement assez marqué de 15 h 30 à 17 h.
Nos
tranchées de première ligne étaient soumises aux minen et aux 150,
tandis que des barrages violentes de 77 et de 105 étaient faits sur
l'arrière de nos positions, notamment sur Mézé et le ravin de la Cude.
Quelques obus seraient même tombés sur la région Québrux et Lauterupt.
Notre artillerie est entrée en action à 14 h, exécutant de violents
tirs de barrage répétés, des tirs de contre-batterie et de destruction
sur les premières lignes ennemies. Nos batteries de 95 du Vieux Gazon, de
75 et 155 du Pré de Raves, de 65 de 1025 ont été violemment prises à
partie.
A 17 h 25, le commandant du 22e bataillon (commandant Lafont),
commandant le sous-secteur du Violu rend compte qu'en raison de la
violence du bombardement, il s'attend à une attaque sur Violu Nord à la
tombée de la nuit. Ses prévisions ont été entièrement confirmées.
Les deux compagnies du 23e bataillon en réserve de secteur à
Lauterupt avaient été alertées et mises à la disposition du commandant
Lafont dès 14 h 30 en raison de la tentative des boches devant 907. La
compagnie en réserve à 903 ne comptait d'ailleurs que 41 fusils
disponibles, la plus grande partie de cette compagnie étant employée à
des travaux urgents de première ligne.
A 17 h 50, le commandant du secteur met à la disposition du commandant
Lafont la compagnie du 23e en réserve à Pré de Raves avec
ordre de l'employer, le cas échéant, en soutien de la compagnie
territoriale du Collet 907. A 18 h, le commandant du secteur donne l'ordre
au commandant l'artillerie de faire exécuter un tir de concentration avec
toutes les batteries disponibles, en avant de Violu Nord et du Collet de
la Cude (tirs prévus au carnet de secteur).
A 18 h 15, les mitrailleuses boches tirent sur le Collet de 907. C'est à
cette même heure que les attaques ennemies se déclenchent ; le tir de
concentration prescrit par l'ordre précité s'étant déclenché à 18 h
15, il y a lieu d'espérer qu'il est tombé en plein dans les attaques.
Les attaques ennemies ont eu lieu sur tout le front de Violu Centre
jusqu'au thalweg du ravin de la Cude, sauf à la Rotonde qui n'a pas été
attaquée.
D'après le rapport du capitaine Dor, du 22e Bataillon
commandant le G.C. de la Cude, trois stossgruppen
A Violu Nord, le commandant Lafont avait donné l'ordre, en cas de
bombardement violent et concentré, d'évacuer l'avant-ligne et la
fraction de 15 hommes qui l'occupait devait se retirer sur la tranchée de
première ligne, à 30 mètres en arrière. Cet ordre était en voie d'exécution
et trois chasseurs avaient passé lorsque de gros minen ont coupé le
boyau. Le sous-lieutenant Rieussec et 12 hommes qu'on espérait retrouver
dans les abris ont disparu ; des traces de lutte (cravates arrachées, étuis
de cartouches boches) ont été constatées.
L'avancée de Violu Nord étant en dehors de toute communication possible
pendant le combat, on n'a pu savoir aucun renseignement précis. D'après
les déclarations des trois chasseurs revenus ce serait vers 14 h 30 que
les Allemands auraient pénétré ; à ce moment il y a eu lutte de
grenades. Actuellement la tranchée momentanément occupée par l'ennemi
est complètement nivelée et simplement surveillée par nos patrouilles
qui l'avaient réoccupée à 20 h 30.
A
Violu Centre un seul stossgrupp a été signalé ; il a pénétré dans
nos tranchées d'où il s'est enfui à la première volée de grenades de
la contre-attaque immédiatement déclenchée et conduite par le capitaine
Simond et le lieutenant Corteyn. Cette contre-attaque a dégagé complètement
une escouade du sous-lieutenant Pourcin lequel a été blessé dans
l'affaire. Deux fusils boches ont été ramassés en ce point.
Il
est à remarquer qu'aucune mine n'a explosé à Regnault, ce qui tendrait
à faire croire qu'en ce point il n'y a du côté ennemi que des
contre-mines. L'explosion d'une mine était en effet pour l'ennemi un
atout qu'il n'aurait pas négligé.
Il
se peut qu'on se trouve en présence de simples coups de main tentés par
des groupes choisis pour faire des prisonniers, mais la longue préparation
d'artillerie qui a duré cinq heures, le front relativement vaste sur
lequel se sont produites les attaques, les barrages sur nos deuxièmes
lignes et sur nos arrières, permettent de croire à une attaque ayant
pour but la conquête de nos positions.
Le coup de main ayant été fait à 14 h 30 et ayant réussi, on ne
s'expliquerait pas les attaques de 18 h comme ayant quelque utilité. Il
est donc possible que les stossgruppen signalés sur tout le front aient
été des reconnaissances lancées en avant des troupes d'assaut. Nos
barrages se seraient alors interposés entre ces reconnaissances et la
première vague qu'ils auraient empêché de déboucher. Un uzelfeldwebel
aspirant fait prisonnier vers le Collet de la Cude a déclaré d'ailleurs
que des obus tombaient derrière le groupe dont il faisait partie et qu'il
n'avait pas pu se sauver.
Le 22e bataillon de chasseurs, sous les ordres du commandant
Lafont a fait preuve de sa valeur habituelle et du plus beau moral sous un
bombardement intense dont la préparation soignée était évidente. Les
contre-attaques ont été déclenchées avec beaucoup d'à propos et de
rapidité ; nulle part l'ennemi n'a attendu l'abordage. La surprise de
l'avancée de Violu Nord a été grandement facilitée à l'ennemi par le
tracé de notre ligne. L'artillerie a très bien soutenu le combat de
l'infanterie.
Dans la nuit, il y a eu quelques rafales de 77, quelques petits minen. La
matinée jusqu'à midi, heure à laquelle je clos mon rapport, a été
calme".
Au cours de cette opération cinq caporaux et chasseurs du 22e
B.C.A. sont tués (les caporaux Félicien Dumortier et Louis Pourcin, les
chasseurs Jean Géry, Pierre Chastaing et Pierre Dassaud), deux officiers
(le capitaine Louis Montjovet commandant la 5e compagnie,
atteint grièvement à l'épaule, et le sous-lieutenant Robert Pourcin de
la 2e compagnie) ainsi qu'une trentaine de chasseurs sont blessés.
Le lieutenant-colonel Lançon estime que l'artillerie allemande a tiré
durant cette action plus de 10 000 obus ou minen contre 3 000 pour
l'artillerie française. Le général Gratier considère qu'il s'agit
d'une réaction consécutive à l'émission de gaz exécutée quelques
jours auparavant. Pour lui, cette affaire avait pour but de constater le
degré de préparation d'une attaque par l'artillerie et grâce à la réaction
violente de l'artillerie, les troupes d'attaque n'ont pu déboucher sur
leurs objectifs éventuels.
Le 10 juin 1916, la capitaine Franceschi reçoit l'ordre de se rendre
avec ordonnance et bagages à la gare du Bourget pour se diriger vers une
destination qui lui sera communiquée ultérieurement.
Le 14 juin, la Cie embarque à La Chapelle.
Opération du 12 juillet 1916, secteur de Beuvraignes et Laucourt, secteur de la 10e DIC (2e CAC),
Dès le 14 juin, le commandant de la Cie et le chef de bataillon,
visitent le secteur devant Beuvraignes, entre le boyau Augereau et le
boyau de la Fourmie. Tout le front est retenu sauf la tranchée de Calais
qui est mal orientée ; l'ensemble s'étend sur 3,5km, avec deux zones
d'émission et une zone neutre. Le 16, la Cie
débarque en gare de Montdidier. Le 18 juin, 150 postes sont piquetés et
la construction débute le lendemain. Les bouteilles sont réceptionnées,
mais sur 1800, seul 1553 sont en état de fonctionner. Le 28 juin,
250 nouvelles bouteilles sont donc à nouveau réceptionnées et montées
en ligne. Le montage de la tuyauterie est terminé le 30 juin, la Cie est
prête à opérer. Les tuyaux ne sont groupés à aucune nourrice, le
tuyau de caoutchouc est simplement posé sur le parapet en s'assurant
qu'il ne touche pas le sol, et maintenu à l'aide de quelques sacs de
terre.
L'opération est déclenchée à 16h00 le 12 juillet. Le but de
l'opération est de causer à l'ennemi le maximum de pertes et de le
retenir sur ce front en le menaçant d'une action offensive;
Le plan d'ouverture des bouteilles est le suivant :
16h00 : ouverture des bouteilles, vague incolore
16h01 à 16h10 : vague dense
16h10 à 16h30 : interruption
16h30 à 16h40 : vague dense
16h40 à 17h05 : interruption
17h05 à 17h15 : vague dense
Des cylindres fumigènes sont lancés sur tout le front d'émission
pendant les périodes d'arrêt, et pendant toute l'opération dans la zone
neutre et sur les flancs de la zone d'opération (300m de chaque côté).
L'artillerie entre en action dès le début de l'émission. Elle encage
les troupes de première ligne en bombardant tous les boyaux d'accès des
2e et 3e ligne, renforce l'action de la vague, interdit l'accès des
renforts, contre-bat l'artillerie ennemie, ouvre des brèches pour
préparer les coups de mains, écrase les positions de Beuvraignes. Les
Allemands réagissent par une vive fusillade pendant toute l'opération,
et par un tir d'artillerie 10 à 12 minutes après son commencement.
Les coups de main sont lancés à 21h45, appuyés par l'artillerie,
alors que de nouveaux cylindres fumigènes sont lancés. Mais les
Allemands réagissent immédiatement par un feu nourrit et déclenchent un
violent tir de barrage, qui clou les détachements de reconnaissance au
sol. Ils reviennent dans leurs lignes sans avoir pu mener à bien leur
mission, après avoir eu une trentaine d'hommes blessés.
Le 19 juillet, le général commandant le GAN, ordonne à la Xe armée
de reconduire les opérations sur l'ensemble des secteurs du saillant d'Andechy.
Les opérations sont projetées à partir du 30 juillet.
Secteur de Beuvraignes et Laucourt, secteur de la 10e DIC (2e CAC),
dans le cadre de l'opération générale au nord et au sud de l'Avre (31/2
et 31/3) sur le front du 30e CA
Le front d'émission est couvert pas trois Cies Z. La 31/2 couvre le
secteur de la 58e DI. La 31/3 sur le territoire de la 62e DI ; elle
effectuera sont émission de façon indépendante avec les Cies 31/2 et
33/1, qui occupent le secteur au sud de l'Avre.
Il est prévu d'émettre une vague claire en début d'opération, et de
masquer le bruit de l'émission par le tir de l'artillerie, qui donnera le
signal de déclenchement et d'ouverture des bouteilles. Une patrouille par
bataillon est prévue après l'opération.
La Cie 33/1 se déplace à Tilloloy pour préparer son émission, dans
le secteur au sud de la voie ferrée, en se limitant à la route
Tilloloy-Roye. Le matériel spécial arrive en gare le 25 juillet et est
transporté en 1er ligne dès le lendemain. L'installation de plus de 1300
bouteilles (53 tonnes de gaz) s'étend jusqu'au 29 juillet, dans près de
110 postes à 12 bouteilles. La tuyauterie
est montée sur les bouteilles le 30. 16 postes d'émission
supplémentaires sont construits et 192 bouteilles y sont placées le 9
août.
Une note du 7 août fixe les conditions d'ouverture des bouteilles. La
première vague doit être claire et surprendre l'ennemi. Il est précisé
que les manipulateurs devront débloquer les pointeaux des bouteilles au
préalable, pour pouvoir ouvrir les trois premières bouteilles de chlore
au passage des obus de notre artillerie. A peine une minute après, la
vague doit avoir atteint les tranchées allemandes situées à 200
m.
Le programme d'ouverture est le suivant :
Heure H : 3 bouteilles de chlore seul, B
H + 2 ou 3 minutes : 2 bouteilles chlore opacite BO
H + 30 : 2 BO
H + 60 : 2 BO
H + 90 : 3 BO
H + 100 : fin de l'émission.
L'émission est exécutée le 14 août entre 20h30 et 22h10, sous un
vent oscillant de 2,10 à 3,30 m/s, en même temps que la Cie 31/2. L'ennemi réagit violemment dès le
début de l'opération par un tir de mousqueterie et de mitrailleuses.
L'artillerie réagit mollement 8 minutes après le départ de la vague.
L'intensité du feu diminue rapidement et s'éteint même à la dernière
vague, les pertes allemandes étant probablement importantes.
La Cie 31/3 exécute son émission le 13 septembre.
Le 23 août, la Cie reçoit l'ordre de quitter le cantonnement de la
sucrerie de Laboissières pour Montdidier, et revenir à la sucrerie le 30
août. Elle éxecute des fouilles d'entrées d'abris.
Le 4 septembre est diffusé la notice sur les tubulures métalliques
avec nourrice à 3 branches et tube d'éjection de 12/17.
Le 28 septembre, le général commandant le 30e CA et le chef de
bataillon Girondin commandant le 31e bataillon, reçoivent l'ordre de
prpéparer à nouveau des émission au nord et au sud de l'Avre. Au nord,
sur tout le front Fouquescourt-Andechy (31/2 et 31/3) ; au sud sur le
front de Neuvraignes (33/1).
Emission du 28 octobre 1916, secteur Echelle Saint Aurin - Dancourt, 58e DI :
Le 29 septembre, le commandant Girondin remet sa proposition au
général commandant en chef. Il propose d'utiliser les anciens abris en
les garnissant de 12 bouteilles, comme les émissions précédentes (3
chlore et 9 chlore-opacite) et de construire à côté de chaque abris une
niche pour 6 bouteilles de phosgène (chlore-phosgène en réalité) de
type moyen (utilisé par les Anglais et les Allemands). Pour monter une
nourrice métallique à 6 branches sur ces bouteilles, les niches devront
être munies d'un plancher. 50 nourrices à trois raccords seront
utilisées à titre d'essais. Les premières vagues de chlore dureront
1h40 comme les précédentes, avec le même programme d'ouverture. Mais 30
minutes après la fin des vagues de chlore, les bouteilles de phosgène
seront ouvertes, de façon à surprendre l'ennemi, dont les masques
devraient être épuisés
La reconnaissance du secteur Echelle Saint Aurin - Dancourt est
effectuée le 2 octobre. Elle est suivie de la remise en état des postes
existant et la construction des niches d'émission. Les hommes suivent une
théorie sur le montage des nourrices à 6 branches. Les 13, 14 et 15
octobre, 1800 bouteilles sont montées dans les 150 abris (72
tonnes). Les 16 et 17, les 900 bouteilles de phosgène sont placées dans
les niches (24 tonnes).
Le programme d'ouverture des bouteilles est arrêté le 18 octobre.
Heure H : vague claire. Ouverture de 3 bouteilles de chlore et à H+2,
d'une bouteille chlore opacite.
Heure H + 30 : vague opaque
Heure H +1h : vague opaque, une bouteille BO
Heure H + 1h30 : vague opaque, quatre BO
Heure H + 2h : vague opaque, une BO
Heure H + 2h30 : vague claire de phosgène, 6 bouteilles.
L'artillerie jouera exactement le même rôle que lors des opération
précédentes.
L'émission est effectuée le 28 octobre 1916, de 21h30 à 0h05, sous
un vent de 2,5 à 3,5 m/s. Les klaxons allemands ne signalent l'alarme que
7 minutes après le début de l'émission. Le tir de mousqueterie et de
mitrailleuses ne débute que 8 minutes après, et s'éteint après la 4e
vague.
En raison de la direction du vent, 33 postes n'ont pu fonctionner
correctement. Quelques essais d'ouverture de ces postes ont envoyé du gaz
dans la tranchée, ce qui provoqua quelques intoxication. Au total, 408
bouteilles n'ont pas été vidées, ou incomplètement.
A 0h45, une patrouille du 295e RI sort de la tranchée française. Elle
franchit le premier réseau ennemi et reconnait que les postes d'écoute
ennemis sont occupés au niveau de 384. Elle est arrêtée par le réseau
de fil de fer immédiatement devant la tranchée allemande ; repérée,
elle est prise à partie par des jets de grenades et des coups de fusils.
Elle reste en observation et constate que les Allemands occupent leur
tranchée et que certains sont montés sur le parapet. La patrouille
rentre dans ses lignes à 3h30. Dans ce secteur, les Allemands ne semblent
pas avoir particulièrement souffert de l'opération, du moins en
première ligne.
Un coup de main est réalisé à nouveau dans la nuit du 11 au 12
novembre. Il permet de constater que les Allemands n'occupent que
faiblement leur première ligne et l'abandonnent complètement en cas de
bombardement. Une fois le calme revenu, ils réoccupent leur première
ligne en la nettoyant à la grenade. Il est fort probable que les troupes
sur lesquelles le coup du main du 28 octobre est tombé, étaient des
troupes de soutient qui n'avaient pas subies directement l'action des
gaz.
Emission du 22 et 23 décembre 1916, secteur Beuvraignes-Dancourt, 1er CAC 2e DIC (6e et 7e
BIC, reconnaissances),
Le 1er novembre, le général commandant le GAN, programme une nouvelle
opération dans le même secteur. La Cie 33/1 doit effectuer une
opération sur le front Beuvraignes-Dancourt, sur une longueur de 2900 m,
du boyau de la Fourmi au nord, au boyau Canrobert au sud. Les abris d'émission sur ce front seront portés au nombre de 145 (soit 17 nouveaux
abris) et leur profondeur portée de 2 à 3 intervalles. Le piquetage
et la construction des nouveaux abris commence le 11 novembre. L'ensemble
des 145 postes est terminé le 22.
Le transport des bouteilles commence le lendemain, par 492 BO. Il
s'achève le 28 novembre, avec 1740 bouteilles de chlore-opacite en ligne
(12 BO par poste, soit 70 tonnes de gaz) et 880 chlore-phosgène (23,8
tonnes de gaz, 6 bouteilles par poste). Les postes sont toujours disposés
tous les 20 mètres. Des nourrices en caoutchouc sont ensuite fixées aux
bouteilles de chlore-phosgène, des nourrices métalliques sur celles de
chlore-opacite.
Le programme d'émission est fixé ainsi :
Heure H : forte vague claire de phosgène : 6 bouteilles de BC
Heure H + 30 : vague opaque : 2BC
Heure H + 1h ; vague opaque : 2BC
Heure H + 1h30 : forte vague opaque : 4BC
Heure H + 2h20 : forte vague opaque : 4BC
Heure H + 2h35 : fin
Cette fois-ci, l'artillerie n'entrera en action qu'à partir de la
deuxième heure de l'opération, pour éviter le repliement des troupes
des premières lignes vers l'arrière. La surprise doit être totale.
L'émission est exécutée le 22 décembre 1916, de 20h00 à 21h45.
Seulement quatre vagues sont émises, sous un vent près de 2 m/s. Sa
direction s'orientant de plus en plus au sud, il fut décidé
d'interrompre l'opération. L'infanterie allemande a réagit 5 à 6
minutes après le début de l'opération, pour se taire progressivement.
L'artillerie commence un tir 12 minutes après le début de l'opération,
tir sans précision, avec quantité d'obus qui n'éclatent pas. A la fin
de l'opération, le vent devient nul et la vague, très dense, stagne
pendant plusieurs heures sur toute la première ligne allemande où elle
fit certainement de très nombreuses victimes.
Le lendemain, les 800 bouteilles restantes sont vidées de 18h30 à
19h15 (deux vagues, une à 18h30 et l'autre à 18h50), sur un ennemi dont
le masque est probablement épuisé. Sa réaction est à peu près
identique à la veille. Les reconnaissances quittent les tranchées
allemands et atteignent toutes les réseaux allemands. Celles du nord et
du centre essuient le tir des allemands et rentrent sans pertes. Celle du
sud franchie le réseau et lutte contre les troupes allemandes, surprise
par un groupe de grenadiers. 4 blessés seront ramenés en ligne.
Enfin, le lendemain, l'ennemi reste très fébrile, déclenchant
plusieurs fausses alertes à la moindre présence de brouillard.
Le 3 janvier 1917, la Cie embarque en gare de Montdidier pour
débarquer à Verberie, puis part cantonner à Béthancourt, puis à
Villers-Cotterets le lendemain.
Le 16 janvier, elle rejoint Saint Crépin aux Bois. Les reconnaissances
ont lieu dès le lendemain et le piquetage commence le 18. La construction
des abris et postes d'émission débute le 24 janvier (54 postes). Les
travaux se poursuivent jusqu'au 14 mars où la Cie reçoit l'ordre de se
mettre immédiatement au repos. A partir du 4 avril, elle est occupée à
la récupération de divers matériaux sur les anciennes lignes
allemandes. Le 15 juin, elle entame la récupération du matériel
utilisé à la construction des anciens postes d'émission au niveau de
Moulins sous Touvent.