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Les
munitions chimiques allemandes, 1916.
L’artillerie chimique allemande en 1916.
Au début de l’année 1916, le bilan de
l’introduction des munitions chimiques sur l’année 1915 paraissait médiocre.
A fin de l’année 1915, la production fut réduite (24 000 obus par mois
fin 1915) et l’apparition de nouveaux appareils protecteurs performants
(en France, les masques TN puis M2) semblait encore diminuer leur intérêt.
Un renversement se produisit fin 1915 suite à l’introduction des obus français
emplis de phosgène et de leur efficacité jugée comme « surprenante »
par les allemands. Cela incita l’Artillerie allemande à demander de
grande quantité d’obus chimiques ; le général allemand Von
Demmling, dans un rapport à sa hiérarchie, exprimait ainsi ses regrets :
«pour répondre aux dangereux projectiles français, j’ai seulement
des obus remplis d’eau de Cologne » .
En juin 1915, L’usine chimique Bayer de Leverküsen avait commencé la
mise en place d’une installation grandiose pour la fabrication d’un
nouvel agressif, le Perstoff (ou SurPalite, chloroformiate de méthyle
trichloré) en vue d’une fabrication mensuelle de 300 tonnes. Fin 1915,
l’usine Fabwerke de Meister Lucius et Brüning à Höechst am Main avait
suivie la même voie et construisait une installation pour produire également
le Perstoff (dont elle livra 3616 tonnes au total). C’est naturellement
vers cette nouvelle substance, rapidement disponible, que l’OHL
s’orienta. Ainsi, probablement au tout début de l'année1916, sa mise en service fut décidée. Cette
substance possédait un avantage notable pour les artilleurs allemands :
pouvoir être détectée grâce à l’odorat, ce qui permettait de déceler
une fuite sur un obus (rappelons que les obus allemands, de par leur
conception, étaient fortement sujets à des fuites des toxiques qu’ils
contennaient).
Dans un premier temps, l’utilisation de ces
nouvelles munitions (7,7cm et 10,5cm) fut peu fréquente et le nombre
d’obus utilisés peu important. Les calibres utilisés durant l’été
1916 furent les 7,7cm et 10,5cm, qui permettaient des cadences de tir plus
élevées que le calibre de 150. Le 19 mai 1916, les allemands adoptèrent
un nouveau système de codification ; ces obus K2
furent marqués d’une croix verte qui indiquait un contenu
volatil donc non persistant et toxique.
La première tentative eu lieu le 9 mars 1916 près
de Douaumont, reconduite les 4 et 5 avril. Puis, le 7 mai à Tavannes, 13
000 obus K2 (appellation conventionnelle pour les obus emplis de Perstoff)
furent tiré, comme le 19 à Chattancourt. Les 22 et 23 juin, lors
de l’assaut de Souville, les allemands utilisent plus de 110 000 de ces
munitions. Le tir fut effectué sur un front de un kilomètre de large,
entre bras et le fort de Tavanne, et sur une profondeur de cinq kilomètres
entre Souville et les forts devant Verdun. Le bombardement commença le 22
au soir vers 10h00 et fut poursuivi jusqu’au lendemain matin à 6h00 ;
le nuage formé dans la vallée ne devait se disperser qu’au soir vers
6h00. Dans certaines unités, les pertes s’élevèrent à près de 30%
de l’effectif ; au total, on dénombra environ 1600 intoxiqués et
près de 90 morts. L’opération fut reconduite dans la nuit du 10 au 11
juillet, dans le même secteur. Le bilan fut aussi lourd, près de 1100
intoxiqués et 95 morts. Pour la première fois, les Allemands utilisèrent
une technique de bombardement massif et prolongé, bien différente de
celle pratiquée quelques mois auparavant. Le nombre de projectiles utilisés
était bien supérieur et à l’objectif initial de neutralisation de
l’ennemi s’ajoutait maintenant celui de lui provoquer le plus de
pertes possibles. Cette technique, dont nous évalueront l’intérêt
plus tard, fut nommée tir sur zone et devait bientôt se développer. Les
services chimiques français, persuadés de l’utilisation d’obus
emplis de palite, ne découvrirent l’introduction de cette munition
qu’en juillet 1916 (rapport A. Kling du 26 juillet 1916 ; obus
transmis par l’officier chimiste Boy du centre médico légal de Bar le
Duc qui a signalé dès le 23 juin) ; « Les Allemands ont
fait usage d’un nouveau type d’obus suffocants du calibre de 10 ,5
cm, avec une substance un peu différente de la palite précédemment
employée et que je désignerais sous le nom de surpalite ». Il
semble que les scientifiques allemands étaient alors convaincus de
l’inefficacité des appareils de protection français contre ce nouvel
agressif. Il présentait l’intérêt, en comparaison à la palite utilisée
depuis juin 1915, d’avoir des propriétés persistantes plus
importantes. Ainsi, il imprégnait pendant plusieurs heures les vêtements,
l’équipement, les cheveux et même le masque des combattants qui
pouvaient en ressentir l’effet même soustraient de l’atmosphère
toxique. La palite contenait également une petite quantité de perpalite,
ou chloroformiate de méthyle dichloré, qui se dégradait au contact du
masque en phosgène et en monoxyde de carbone. En novembre 1917, Kling
notait : « Nous croyons que c’est la première fois que
l’on signale l’emploi éventuel d’une substance susceptible de
fournir, au contact avec le masque, un gaz toxique non absorbable par les
éléments du masque ». Les Allemands surévaluèrent très
fortement les effets de cette substance et les résultats des opérations
de juin et juillet sur Verdun. Ils décidèrent ainsi de développer
considérablement les tirs d’obus chimiques et de développer leur
production.
Devant le succès des nouvelles munitions, et pour
satisfaire à ces besoins imprévus, l’administration de la guerre se décida
ainsi à créer par ses propres moyens, une installation spéciale pour la
fabrication intensive des obus croix verte à la palite.
Les militaires allemands n’ayant aucune confiance dans la durée de
conservation de ces chargements, ils fixèrent l’emplacement du nouvel
atelier au voisinage du front, en vue de réduire au maximum le moment
entre le remplissage et le tir du projectile.
Le premier parc de munitions de campagne fut établi
à Mancieulle, près d’Audun-le-Roman (En 1917, il fut transporté à
Saulne et baptisé dépôt de munitions de campagne de l’Ouest. La même
année, un deuxième dépôt fut créé à Varsovie pour le ravitaillement
du front de l’Est ; sa capacité demeura très inférieure au
premier).
Le parc de Mancieulles expédia aux armées, au cours
de l’année 1916, 848 000 obus à crois verte. Cela paru nettement
insuffisant aux militaires allemands. Ces ateliers, d’une installation
trop rudimentaire, n’avaient pas un bon rendement. Devant la demande
croissante de ces projectiles, l’administration de l’Armée tendait
tout ses efforts à établir une station centrale de chargement des
projectiles à gaz, dont l’emplacement fut choisi dans les immenses
landes de Breloh, à proximité du camp de Munster. La construction des
nouveaux ateliers demanda beaucoup plus de temps que prévu, et ce ne fut
qu’en 1918 qu’ils purent entrer en activité.
L’étude des premiers obus français emplis de
phosgène, fut certainement une véritable surprise pour les chimistes
allemands, qui décidèrent rapidement d’adopter les techniques utilisés
par leur ennemi. La conception de ces munitions était en complète
opposition à ce qui avait été adopté depuis plus d’une année par
l’artillerie d’outre-Rhin. Ainsi, le calibre de 7,7 cm, jugé comme
inadapté auparavant en raison de sa faible contenance,
fut finalement introduit. La faible quantité de toxique chargée
dans le projectile était finalement contre balancée par la cadence élevée
de tir de la pièce (plus importante pour une pièce de 7,7 que pour celle
de 15cm). La charge d’éclatement, à l’instar des obus n°5 français,
fut ramené à celle contenue par la fusée, soit quelques 20 grammes
d’explosifs pour le calibre 7,7 et 55 grammes pour le 10,5 cm. Le
contenu liquide était ainsi dispersé de façon optimal. Le toxique était
également directement chargé directement à l’intérieur du corps de
l’obus et l’étanchéité obtenue à l’aide d’un ciment magnésien
coulé dans les filets de la fusée. Ce procédé était bien plus économique
et permettait une fabrication plus rapide des projectiles. La surpalite
fut certainement choisie en raison de ce type de chargement. Si elle réagissait
avec le métal de l’obus, sa faible volatilité et son point d’ébullition
plus élevé permettait de minimiser les fuites au travers des filetages
des obus. Ces propriétés avaient également l’avantage d’accroître
la persistance du toxique et permettaient d’espérer des concentrations
importantes sur le terrain, malgré la cadence de tir des pièces de 7,7
cm allemandes, moins élevées que les françaises de 75 mm. Elle possédait
également l’avantage, à l’inverse du phosgène, d’agir immédiatement
en cas d’intoxication légère et de prévenir ainsi le personnel
manipulant les projectiles d’une fuite de toxique. Ces avantages étaient
surtout liés à la sécurité et aux techniques de fabrication. La
surpalite était cependant moins toxique que le phosgène et ses propriétés
lacrymogènes, sur le champ de bataille, mettaient en garde tout
combattant et l’invitait à se soustraire de l’atmosphère contaminée,
donc minimisaient les possibilités d’intoxication de tout homme possédant
un appareil de protection respiratoire. Elle était également beaucoup
plus difficile et coûteuse à synthétiser et utilisait pour sa
fabrication du phosgène.
A la fin de l’année 1916, les calibres de 7,7 et
10,5 devinrent les calibres les plus utilisés, au détriment des
munitions de 15cm
Projectiles d’artillerie
Obus croix verte de 7,7cm modèle 1915.
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Canon de 7,7 cm
Il est
l'épine dorsale de l'artillerie de campagne allemande.
La pièce
pèse près de 950 kg. Sa portée est de 8500m, sa cadence d'environ 12
à 15 coups/min (21 pour le 75mm français). Le 77 subie rapidement
quelques transformations et améliorations (7,7 cm 96 n/A). En 1916, une
nouvelle version modernisée avec un tube allongé apparaît (7,7 cm
K.i.H.)
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Cet obus est presque identique au projectile explosif
du type K. Gr. 15 lancé par le canon de campagne. Le diamètre de sa
cavité intérieure à été augmenté ; il est de 45mm pour une épaisseur
de ses parois de seulement 15,5mm à la base. Il s’agit d’un
projectile monobloc, de 243 mm de hauteur (sans fusée) , d’un
poids voisin de 7,100kg. Le volume de toxique est de 300ml (0,480kg), soit
un rendement de 4,2%, ce qui est particulièrement faible.
Il est muni d’un fusée type K.Z. 14, fusée
percutante et sans retard. Le détonateur secondaire est constitué
d’une charge de 20g d’acide picrique capable de déterminer une
fragmentation très grossière des parois de l’obus. Dans les filets de
la fusée ainsi que dans ceux du détonateur secondaire, a été coulé un
ciment qui assure l’étanchéité. Le toxique (surpalite ou
chloroformiate de méthyle trichloré) est coulé directement dans le
corps de l’obus.
A leur introduction, ces obus semblent peints en
rouge foncé et leur ogive en jaune.
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Obus de 7,7 cm modèle 1915.
Hauteur sans fusée : 243 mm
Poids total : 7,1 kg
Charge explosive : 20 g dans la fusée
Quantité de toxique : 0,3 litres
Amorçage : K.Z.14
Date d’introduction :
Rendement : 4,2%
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fusee KZ14 (Kanonen Zünder 1914), fusée
de canon modèle 14, fusée percutante à effet unique ordinaire. |
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Obus croix verte de 10,5cm.
Cet obus est identique à l’obus explosif type
Lange F H Gr. ; il est lancé par l’obusier léger de campagne. Sa
hauteur totale est de 378mm ; sa ceinture d’une largeur de 14 mm
est située à 27 mm du plan du culot. Il possède une ogive vissée dont
la hauteur verticale extérieure est de 53mm. L’épaisseur moyenne des
parois est de 14mm. Cet obus est peint en bleu.
Il et muni d’une fusée type H.Z. 14, percutante
sans retard ; elle possède un détonateur secondaire chargé de 55g
d’acide picrique. Cette charge fragmente l’obus en éclats assez gros.
Un ciment est coulé dans les pas de vis pour l’étanchéité.
Le liquide asphyxiant est directement coulé dans
l’obus. Il s’agit de surpalite ou Perstoff.
Le poids total est de 16,01kg ; le volume utile
est de 1400ml soit un rendement de 9,3%.
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Obus de 10,5 cm modèle allongé.
Hauteur sans fusée : 378 mm
Poids total : 16 kg
Charge explosive : 55 g d’acide picrique pour
fusée H.Z.14, 23 g pour E.H.Z. 17
Quantité de toxique : 1,4 litres
Amorçage : H.Z. 14 Fb à leur
introduction, puis E.H.Z. 17 par la suite.
Date d’introduction :
Rendement : 9,3%
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fusée type HZ 14 |
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Obus croix verte de 150mm
Ces obus sont identiques à ceux décrits auparavant
(obus T et obus K de 150mm) mais emplis de surpalite.
Nous ignorons précisément la date de leur
apparition. Elle semble plus tardive que les calibres de 77 et 105mm. En
juin 1916, apparaissait un nouveau mélange de substances lacrymogènes et
suffocantes : bromure de xylyle, méthyléthylcétone mono et dibromées.
Puis en septembre, Kling analysait un chargement constitué de bromure de
xylyle et de bromacétone.
Projectiles de minenwerfer
A la fin de l’année 1916, les Allemands
introduisirent de nouveaux projectiles de minenwerfer, appelés Gasmine.
Certaines de ces munitions étaient alors chargés en phosgène ; ce
furent d’ailleurs les premiers projectiles emplis de ce dangereux
toxique utilisés par l’Allemagne. On peut comprendre la réticence des
ingénieurs allemands à utiliser ce toxique dans des munitions chimiques,
puisqu'il présentait l'inconvénient de n'agir que quelques heures après
son inhalation. Cela pouvait engendrer de sérieuses difficultés de
manutention, principalement par ce que sa volatilité était susceptible
de donner lieu à des fuites importantes dans les munitions à culot et
ogives rapportées. Il semble que l’introduction de ces nouveaux
projectiles fut décidée dès le début de l’année 1916, suite à
l’apparition des obus numéro 5 français. C’est ce que laisse
supposer un document allemand en date du 15 avril 1916 : « emploi
des minen à gaz par les bataillons de minenwerfer ». « A
la place des minen B et C, les bataillons de minenwerfer recevront des
minen à gaz de type uniforme (…). Le principal avantage des nouveaux
projectiles à gaz réside en ce fait (…), ce terrain peut-être traversé
au bout d’une demi-heure après la cessation du tir sans que les masques
aient besoin d’être mis ». Ces nouvelles munitions avaient
certainement pour but d’être utilisée dans le cadre d’actions
offensives, pour remplacer ou seconder les minen de type B.
Gasmine de 7,5 cm, D. Stoff premier type ou ancien modèle.
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Minenwerfer léger de 7,5cm, minenwerfer n/a 16.
Portée maxima
jusque 1050m
Le premier
type (Alter Art ou AA) fut fabriqué de 1914 à 1916. Son affût est
rectangulaire et son canon plus court (38 cm contre 43 pour le n/a).
Il existe
également une version permettant d'effectuer des tirs tendus.
L'ensemble canon-amortisseurs se monte alors sur une pièce
intermédiaire.
Notez en bas
à droite, au milieu, le projectile chimique gasminen 7,5 D Stoff
premier type.
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C’est le premier projectile de ce type trouvé par
les services chimiques français.
C’est un projectile monobloc en acier, ressemblant
au minen explosif de même calibre et dont l’ogive et le culot sont réunis
au corps de l’engin par soudure autogène (pour éviter tout problème
de fuites). La hauteur totale du projectile, sans la fusée, est de 275mm
(238mm pour le modèle explosif); l’épaisseur de sa paroi est comprise
entre 3mm et 6mm. Il est muni d’une ceinture en zinc à 6 rayures séparées.
L’œilleton destiné à recevoir la collerette vissée de la fusée est
prolongée par une gaine au fond de laquelle se trouve une charge
cylindrique d’acide picrique tassé de 18 grammes. Cette gaine est percée
en son fond d’un orifice par lequel, au moment du remplissage, on
introduit le phosgène. L’étanchéité est assurée à l’aide d’une
série de disques de plomb et d’acier emboutis à la presse.
Le projectile est armée d’un fusée L.W.M.Z.dr (à
goupille de sécurité à deux branches), son détonateur au fulminate est
en contact direct avec le cylindre d’acide picrique destiné à
provoquer l’ouverture de l’engin. Le poids total est voisin de 4,346
kg, le volume du récipient à phosgène étant de 700ml ; ce dernier ne
contient que 450cc de liquide, (son rendement est donc en réalité de
10%, 16% étant le rendement théorique).
Il est peint en gris clair et porte 3 bandes
circulaires blanches au voisinage de l’ogive ; la lettre D est
imprimée en noir vers le milieu de sa hauteur.
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Gasmine de 7,5 cm, D. Stoff premier type ou
ancien modèle. Il est chargé en phosgène . Un autre type fut également
introduit, chargé en palite ou C. Stoff. Il est marqué de deux
bandes blanches avec un C en noir ou rouge.
Hauteur sans fusée : 275 mm
Poids total : 4,35 kg
Charge explosive : 18 g de mélinite
Quantité de toxique : 0,45 litre
Amorçage : L.W.M.Z.dr
Date d’introduction : octobre 1916
Rendement : 10 %
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Fusée L.W.M.Z.dr, fusée de mortier léger de
tranchée, percutante et à temps à double effet réglable : percutant
ordinaire ou à temps.
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Extraits du rapport au sujet de l'attaque de la
nuit du 23 au 24 octobre 1916 :
Il semblerait
qu'il s'agisse de la première attaque par Minen de 75 chargés en
Phosgène. Près de 5000 projectiles auraient été utilisés. A
trois reprises, un tir provenant des 1er lignes allemandes (à 250 où
300m) s'est abattu sur les lignes françaises. On déplore 5 décès
et 8 intoxications dont 3 graves. Les symptômes sont les suivants :
effet lacrymogène faible suivi d'une sensation violente d'étranglement,
de striction de la gorge et de la poitrine. Les intoxiqués présentent
ensuite une sensation de suffocation avec dyspnée violente ; la
cyanose est considérable. A l'auscultation, présence de gros râles,
expectoration considérable et pouls rapide. A plusieurs reprises,
on observe un aggravation subite des symptômes. A l'autopsie, on
retrouve un oedème très intense des poumons.
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Gasmine de 7,5 cm, D. Stoff deuxième type ou nouveau modèle.
Le premier de ces projectiles est découvert le 23 décembre
1916, dans la région de Chilly-Maucourt.
Il possède une forme légèrement différente du
premier type, mais il en reste très proche. L’orifice de remplissage
percé dans le fond de la cavité tubulaire servant de logement à la
charge de rupture est obturé par un bouchon fileté qui vient serrer une
rondelle de plomb formant joint. La capacité intérieure est de 740cc. La
hauteur totale est de 317mm, 275mm sans la fusée.
Il est peint en gris et porte 3 ou 6 bandes
circulaires blanches (3 vers l’ogive et 3 sur le corps au dessus de la
ceinture).
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Gasmine de 7,5 cm, D. Stoff deuxième type ou
nouveau modèle, ancien modèle ogivale sans récipient de plomb.
Hauteur sans fusée : 275 mm
Poids total : 4,4 kg
Charge explosive : cartouche de 14 g de mélinite.
Quantité de toxique : 750 g de phosgène.
Amorçage : L.W.M.Z.dr
Date d’introduction : fin décembre
1916.
Rendement :
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Gasmine de 7,5 cm, D. Stoff deuxième type ou
nouveau modèle.
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Gasmine de 7,5 cm, C. Stoff à chemise de plomb.
Le premier de ces projectiles est découvert le 18 décembre
1916, dans la région de Verdun.
Il ressemble pour beaucoup au projectile du premier
type, mais renferme un récipient en plomb destiné à contenir la
substance toxique. Ce récipient est d’une capacité de 540cc, découpé
dans une feuille de 1mm d’épaisseur environ. Il porte en son fond un
trou qui est obturé, après le remplissage, à l’aide d’un bouchon de
plomb fixé par soudure. Le récipient est calé dans le projectile à
l’aide d’un ciment à l’oxychlorure de magnésium qui pénètre
facilement dans les filets de l’ogive de telle sorte que celle-ci, une
fois mise en place, ne peut plus être dévissée. Pour la commodité du
chargement, il possède une ogive tronconique se vissant sur le corps de
l’obus, au lieu d’y être soudée. Ils sont toujours armés de la fusée
L.W.M.Z. et d’un détonateur secondaire de 25g d’acide picrique.
Le poids total est de 5,160kg, le volume de 540cc
soit un rendement de 10,4%.
La lettre C est peinte en rouge sur le corps du minen
indique son chargement, du chloroformiate de méthyle trichloré ou
surpalite.
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Gasmine de 7,62 cm, C. Stoff, ancien modèle
tronconique à chemise de plomb.
Hauteur sans fusée : 275 mm
Poids total : 5,25 kg
Charge explosive : 25 g de mélinite
Quantité de toxique : 0,54 litres
Amorçage : L.W.M.Z.dr
Date d’introduction : novembre ou décembre
1916
Rendement : 10,4%
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Fusée L.W.M.Z.dr, fusée de mortier léger de
tranchée, percutante et à temps à double effet réglable : percutant
ordinaire ou à temps.
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Gasmine 1er type |
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Gasmine 2iem type |
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Gasmine à chemise de plomb |
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Gasminen 7,5 C.Stoff |
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Gasminen 7,5 D.Stoff Premier type |
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Gasminen 7,5 D.Stoff Deuxième type |
Chargement :
Chloroformiate de méthyle trichloré
Hauteur sans
fusée :275mm
Poids total
:5kg160
Poids du
toxique : 0,827kg
Charge de
rupture (mélinite) :25g
Contenance du
projectile : 540cc
Rendement :
10,4%
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Chargement :
Phosgène
Hauteur sans
fusée : 275mm
Poids total :
4kg346
Poids du
toxique : 0,650kg
Charge de
rupture (mélinite) : 18g
Contenance du
projectile : 700cc
Rendement :
16%
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Chargement :
Phosgène
Hauteur sans
fusée : 275mm
Poids total :
4kg400
Poids du
toxique : 0,694kg
Charge de
rupture (mélinite) : 14g
Contenance du
projectile : 740cc
Rendement :
16,8%
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Ces Gasminen se différencient à l’oreille des
Minenwerfer explosifs par le peu d’intensité de leur détonation.
Minenwerfer de 17 cm modèle 1912 à récipient de plomb.
Aucun changement dans le chargement de ces
projectiles. Ils sont identifiés par un nouveau code de peinture et une
nouvelle dénomination. Les projectiles emplis de palite furent appelés
type C et portaient une double bande de peinture blanche au niveau de
l’ogive. Ceux chargés en bromométhylcétone furent nommés type B et
étaient marqués d’une seule bande blanche.
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Projectile de Minenwerfer de 170 mm type C
(chargement : palite).
Hauteur sans fusée :
Poids total :
Charge explosive :
Quantité de toxique :
Amorçage :
Date d’introduction :
Rendement :
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Projectile de Minenwerfer de 170 mm type B
(chargement : bromométhyléthylcétone).
Hauteur sans fusée :
Poids total :
Charge explosive :
Quantité de toxique :
Amorçage :
Date d’introduction :
Rendement :
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Utilisation des munitions chimiques par l’armée allemande en 1916.
Les méthodes utilisées durant la première moitié
de l’année étaient celles du mémorandum daté du 6 août 1915. Elles
avaient été fixées pour l’utilisation d’obus emplis de substances
dont le seuil d’action était très bas (principalement au regard de
leurs propriétés lacrymogène), contre des troupes mal ou non protégées.
L’apparition des obus croix verte imposa de changer de tactique. Le tir
sur zone, appliqué à d’énormes surfaces, devint rapidement la méthode
la plus utilisée à partir de la deuxième moitié de l’année 1916,
puis au début de 1917 quand l’approvisionnement en munitions chimiques
devint suffisant. Cette technique devait mettre en défaut la durée de
protection des masques ennemies, durée jugée comme très limitée, pour
obtenir le maximum d’intoxications. Nous verrons que cela était une
erreur, la concentration obtenue n’étant pas suffisante pour épuiser
les masques français. Ces tirs étaient appelés tirs d’efficacité.
Ils avaient pour but « de couvrir de gaz une surface si grande
que l’adversaire ne puisse se soustraire à l’action des gaz en se réfugiant
en terrain non intoxiqué ». La zone couverte de gaz devait
avoir au minimum une superficie d’un kilomètre carré. Cela représentait
une surface considérable et ne permettait pas d’obtenir des
concentrations importantes étant donné les grandes zones battues. Le
seul danger réel couru par les hommes exposés à ces tirs était la
forte concentration obtenue à proximité immédiate du point de chute et
la stagnation du toxique dans les dépressions du terrain, en rapport avec
la persistance des substances utilisées. La durée de ces tirs
s’allongea progressivement. A Verdun, elle était de l’ordre de dix
heures, pendant lesquelles les hommes devaient conserver leur masque. Au début
de 1917, on pouvait observer des bombardements chimiques sur près de 18
heures. Un exemple, au bois de Beaumarais, le bombardement commença dans
la nuit du 29 avril 1917, à 20h45. Il se poursuivra sans interruption
jusqu’au lendemain 16 heures. 60 000 projectiles contenant un mélange
de palite et de chloropicrine furent utilisées pour des résultats
militaires réels et importants, en diminuant la valeur et la combativité
des troupes soumises au pilonnage. On dénombra dans les rangs français
380 intoxications et un seul décès, ce qui paraît faible en regard des
moyens mis en œuvre. Ces observations étaient valables pour la majorité
de ces opérations de bombardement sur zone ; ces tirs
s’apparentaient plutôt à ce que les français appelaient des tirs de
neutralisation. Ils forçaient l’ennemi à porter son masque durant de
nombreuses heures, ce qui devenait rapidement intolérable et obérer
considérablement le potentiel combatif des hommes. Cette méthode devait
cependant se montrer extrêmement efficace dans la neutralisation des
batteries d’artillerie, dans lesquelles le port du masque empêchait
l’exécution de tâches physiques indispensables au tir. Un deuxième
type de tir, vraisemblablement mis au point par les artilleurs français,
était également utilisé et appelé tir de harcèlement. Il consistait
à envelopper soudainement l’adversaire d’un nuage de toxique dense et
concentré pour l’intoxiquer avant qu’il ait mis son masque. Les
Allemands recommandaient de tirer sur une cible, 100 coups de 7,7 en 2
minutes, là ou les Français utilisaient au moins 200 coups. En 1916, la
persistance du toxique utilisé et la façon dont il était répandu,
handicapaient également ces tirs. Les artilleurs français possédaient,
à l’inverse de leurs homologues allemands, des toxiques dont l’évaporation
était maximale et instantanée dès l’explosion de la munition. La
technique employée par les allemands était à rapprocher des tirs sur
zone : pas de tirs concentrés sur une cible précise mais dispersés
sur de grandes étendues. Par ailleurs, le réglage de ces tirs était
pratiquement impossible, l’absence de fumigène dans le projectile empêchant
d’observer le point de chute. Ces tirs de harcèlement étaient souvent
réalisés par minenwerfer et devinrent plus fréquents à partir de
l’apparition des projectiles de 7,5 chargés en phosgène. Ce dernier se
prêtait particulièrement bien à ces tirs de surprise. Malgré cela,
cette technique ne permettait que quelques cas isolés d’intoxication,
et en l’absence de concentration sur une cible précise, les hommes étaient
parfaitement bien protégées après avoir appliqué leur masque au
visage.
Voici quelques exemples qui illustrent notre propos :
Le 15 novembre 1916, une batterie française près de
Berry-au-Bac fut bombardée dans les conditions suivantes : réglage
très discret dans la journée, puis déclenchement d’un tir brusque de
600 coups de 7,7 toxiques. Il y eu plusieurs morts dans les rangs français,
le personnel s’étant aperçu trop tard qu’il s’agissait d’un tir
d’obus toxiques. C’est ici un exemple typique de tir de harcèlement,
qui ne furent développés par l’artillerie allemande que vers la fin de
1916.
Le 29 décembre 1916, la 21e batterie du
2iem R.A. fut bombardée par 150 coups d’obus de 15 cm (certainement
chargés en surpalite) entre 11h30 et 14h15. Le tir fut très précis et
les conditions atmosphériques étaient favorables. Cependant, sauf un
homme surpris et légèrement intoxiqué, le personnel eut le temps de
mettre le masque et résista parfaitement au tir.
Extrait d’un document allemand :
14 août 1916
INSTRUCTION
Pour le tir d’obus croix verte avec
obusier léger de campagne ; dans la zone du ravin de
l’artillerie et du bois de Mametz.
Il y a environ 7 000 coups disponibles pour
le bombardement.
(…)
La zone à bombarder est divisée en six
rectangles. Deux batteries tireront sur le rectangle A et les autres
batteries chacune sur un rectangle.
Chaque batterie règlera son tir sur le
centre du rectangle, si possible, de jour au moyen d’obus allongés.
La portée de l’obus croix verte est inférieure d’environ 150 mètres
à celle de l’obus allongé, par conséquent les hausses vérifiées
par réglage ou autrement doivent être augmentées de 150 mètres.
Les batteries qui ne pourront faire de réglage
prendront la hausse d’après carte (…).
Pour former un nuage épais de gaz, il faut
tirer par salves d’environ 100 à 130 coups en une demi-heure. Il
faut qu’il y ait des arrêts dans le tir pour éviter d’abîmer
les canons. Après ces arrêts, le tir doit être repris avec le
maximum d’intensité, de manière à surprendre l’ennemi pendant
qu’il ne porte pas de masque.
Le tir de chaque batterie sera réparti régulièrement
sur une largeur de 150 mètre ; si la largeur de la zone désignée
comme objectif est plus grande, on le bombarde par secteurs. Afin
d’obtenir un nuage de gaz continu sur tout le front de
l’objectif, on modifiera la direction des pièces de la quantité
nécessaire, après la première salve, sans changer la hausse.
Chaque batterie tirera sur les trois hausses différentes les unes
des autres de 10 mètres. Les coups de chaque salve seront tirés
avec la même hausse.
Afin d’augmenter l’effet, la zone sera
également bombardée avec l’obus T. Ce tir sera commencé une
heure avant le bombardement avec les obus croix verte. Il n’est
pas recommandé d’employer simultanément l’obus à grande
puissance explosive, car il dissiperait le nuage de gaz.
En cas de pluie violente, les batteries,
sans attendre l’ordre, cesseront immédiatement le tir (…).
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On
peut noter combien il devait être difficile d’obtenir une précision de
tir correcte, le nuage d’éclatement étant invisible. Mais surtout, on
peut s’interroger sur l’utilité du bombardement par obus T une heure
à l’avance. Comment espérer surprendre l’adversaire sans masque si
on l’oblige à le porter une heure à l’avance ?
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