L’année 1917 fut une année charnière pour les munitions chimiques. L'artillerie chimique devint progressivement le principal vecteur de dissémination des toxiques. Si durant les deux années précédentes, l’utilisation de l’artillerie chimique relevait plutôt de l’artisanat avec des quantités de munitions utilisées peu importante, la période qui s’ouvrit à partir de l’année 1917 était celle de l’ère industrielle. La quantité de projectiles utilisés fut multipliée par plus de sept simplement pour les munitions croix verte et croix jaune. Si l’on comptabilise les nouvelles munitions croix bleu apparues en été 1917 (bien que ces chiffres ne soient pas réellement connus avec précision), on dépasse largement la proportion de dix fois plus. C’est donc un véritable déluge de munitions chimiques qui devait s’abattre sur les lignes alliées à partir de 1917. Cette évolution fut à la quantitative et qualitative. De nouveaux agressifs furent utilisées, toujours plus toxiques. Les munitions utilisées pour leur dispersion étaient de plus en plus élaborées.
Consommation artillerie allemande :en 1916 : 848 000 obus
En munitions croix verte et croix jaune en 1917 : 6 099 000 (soit 7,2 fois plus).
En munitions croix verte et croix jaune en 1918 : 8 886 000
En munitions croix bleu en 1917 et 1918 : environ 18 000 000.
Elles sont toutes chargées en surpalite (chloroformiate de méthyle trichloré) ou en cétones bromés. Nous avons décrit ces munitions et leur apparition en 1916 pour les calibres de 77, 105 et 150mm.
Obus de 15 cm modèle 1912 n/a.
En janvier 1917, apparaît une nouvelle version de l'obus croix verte de 150mm. La charge d'explosif est très notablement réduite. Elle passe ainsi de 1,5 kg à 90g, contenu uniquement dans la fusée et la gaine. A l’instar des munitions toxiques françaises, les allemands cherchèrent à réduire la charge d’éclatement pour éviter une dispersion de l’agressif trop importante et pour augmenter le volume disponible de la munition. Le récipient en plomb destiné à protéger la paroi de l’obus est supprimé et le contenu de surpalite passe de 3,1kg à 6,5kg (soit de 2,3l à 4,8litres, rapport A. Kling G 620 du 30 janvier 1917).
Introduction
Calibre
Type
Hauteur sans fusée en mm
Poids utile en kg
Volume utile en litre
Fusée
Janvier 1917
15 cm
Croix verte
547
G.R.Z. 04 ou G.R.Z. 14 na
Autres chargements connus : 5,6 kg de bromacétone.
Hauteur sans fusée : 547 mm
Poids total : 40 à 41 kg
Charge explosive : uniquement ce que contient la gaine, soit environ 90 g.
Quantité de toxique : 4,8 litres
Amorçage : G.R.Z. 04 ou G.R.Z. 14 en position o.V.
Date d’introduction : janvier 1917
Rendement :
En mars 1917 apparaît un projectile croix verte en calibre de 100mm, du type 10 cm Gr. 12.
Mars 1917
100 mm
410
17,500
1,370
C’est un projectile en acier coulé, à ogive vissée, de 408mm de hauteur. L’ogive vissée a une hauteur de 72mm. La ceinture, de 16mm de largeur, est située à 75mm du plan du culot. L’épaisseur des parois varie de 14 à 17,5 mm. Sa fusée est du type Gr Z 14 n/A. Comme à l’habitude, fusée et ogive sont jointes à l’aide d’un ciment à l’oxychlorure de magnésium. L’explosif est uniquement composé des 62 g que contiennent la fusée.
Le corps est habituellement peint en bleu et l’ogive en jaune. Le poids total est de 17,5kg pour un volume utile de 1,3l. Leur rendement est donc de 7,4%. Cette munition existe aussi en chargement croix verte 1.
Obus de 10 cm modèle 15 à croix verte
Hauteur sans fusée : 409 mm
Poids total : 17,5 kg
Charge explosive : uniquement ce que contient la fusée, soit 62 g.
Quantité de toxique : environ 1,3 litres.
Amorçage : G.R.Z. 04 ou G.R.Z. 14 na
Date d’introduction : mars 1917
Rendement : 7,4 %
Autres chargements ayant été utilisés : mélange de diphosgène et de chloropicrine (65/35). Existe également en croix jaune.
En avril 1917, apparaît un nouveau type de projectile de 77mm : obus allongé de 77 type L.F.K. Gr.
Avril 1917
77 mm
314
7,200
0,600
KZ14 ou
KZ 14 na
Ce projectile est décrit en dessous, dans les munitions croix verte I. Il existe également en croix verte (chargement en surpalite et bromacétone), croix verte 1, et croix jaune.
Ces munitions apparaissent en avril 1917. Elles inaugurent l’utilisation par l’Allemagne de la chloropicrine (nom de code : Klopp), introduite par les Russes en août 1916. L’utilisation de ce toxique avait pourtant été décidée auparavant, puisque sa fabrication commence en juillet 1916, à raison de 200 tonnes par mois. La chloropicrine est un redoutable suffocant (voir : ), qui est mal retenue par le masque français M2 (voir : ).
Ces munitions renferment un mélange constitué par 75 % de phosgène et 25 % de chloropicrine. Pratiquement simultanément, des obus de 77 allongés, de 10 cm et de 15 cm, emplis de ce mélange, sont retrouvés par les services chimiques français.
Obus allongé de 7,7cm du type L.F.K GR. Croix Verte I
Les premiers de ces obus analysés proviennent d’un bombardement effectué dans la vallée de la Larg le 7 avril, puis le 11 avril dans le secteur de Berry au Bac. La présence de chloropicrine fut immédiatement identifiée dans le mélange.
Ces obus sont identiques à l’obus explosif, mais sont munis de la fusée K.Z. 14. L’ogive vissée et la fusée sont garnies de mastic à l’oxychlorure de magnésium qui assure l’étanchéité du joint. Sa hauteur totale est de 314mm ; sa ceinture d’une largeur de 8mm est située à 26 mm du plan du culot. Il possède une ogive vissée dont la hauteur verticale extérieure est de 27,5mm. L’épaisseur moyenne des parois est de 10mm. L’explosif n’est constitué que par les 22 grammes contenus dans la fusée.
Ces obus étaient peint en bleu et leur ogive en jaune. Une croix verte est peinte au culot de l’obus. Ces obus pèsent 7,2kg pour un volume utile de 0,6l. Leur rendement est donc de 8,5%, alors que celui des précédentes munitions de 77 était de 4,2%.
Hauteur sans fusée : 313 mm
Poids total : 7,2 kg.
Charge explosive : uniquement ce que contient la fusée, soit 22g.
Quantité de toxique : 0,6 litres.
Amorçage : K.Z. 14 et n/A
Date d’introduction : avril 1917
Rendement : 8,5%
Autres chargements existant : en plus du mélange phosgène/chloropicrine (60/40), existe un chargement de 940g de cétones bromées et un chargement d’environ 0,58 litres d ‘ypérite dans les munitions croix jaunes (amorçage uniquement par E.K.Z. 17).
Obus de 10cm du type 10cm Gr 12
Le premier de ces projectiles, analysé par le laboratoire Municipal de chimie, est tombé dans le secteur de Bourg et Comin, le 11 avril 1917. Des projectiles de même type, dont il n’a été retrouvé que des débris, avaient été recueillis dans le même secteur après un bombardement, le 26 mars.
Pour le descriptif , voir ci-dessus dans les obus croix-verte.
Obus de 15cm Gr. 12 n/A à croix verte I
Ces obus sont identiques aux croix verte. Existe aussi en chargement avec chlorure de diphényl carbylamine , apparition ???
Obus de 21cm 1896 n/A à croix verte I
Voir croix verte 2. Nous ignorons à quelle date ces projectiles furent introduits ; vraisemblablement en septembre 1917. Ils contiennent environ 16 kg de toxique (10,6 litres).
Hauteur sans fusée : 796 mm
Poids total : 116 kg à 120 kg suivant la nature du chargement.
Charge explosive : 850 à 920 g de tolite.
Quantité de toxique : 10,6 litres
Amorçage : Gr.Z.92 ou Gr.Z.17
Date d’introduction : probablement septembre 1917
Il existait des chargement en phosgène pur ou mélangé à la chloropicrine dans les munitions croix verte, phosgène avec diphosgène et dichlorophénylarsine dans les munitions croix verte II, dichlorure d’éthylarsine et oxyde de méthyl dichloré dans les munitions croix verte III et enfin ypérite dans les munitions croix jaune.
Ces munitions n’existent qu’en deux calibres : 150 et 210 mm. Elles produisent à l’éclatement un bruit appréciable dû à une charge d’explosif placée dans un tube central (165g pour le 150 et 920g pour le 210). Ces munitions sont chargées d’un mélange de 60% de phosgène, 25% de surpalite et 15% d’arsine (dyphénylchloroarsine ou Clark)
Obus de 15cm Gr. 12 n/A à croix verte II
Aout 1917
150 mm
Croix verte II
41,420
3,9
GR.Z 92 et
GR.Z 17
Ce projectile est une modification de l’obus de 15cm Gr. 12 n/A. La charge explosive (20g dans la fusée et 145g dans le tube central) assure un éclatement de la paroi plus régulier pour une meilleur dispersion du toxique. Ce tube est encastré à sa partie inférieure dans un logement ménagé dans le bouchon de culot. Il est maintenu à sa partie supérieur par la gaine relais vissée dans l’œil du projectile. Un bouchon de remplissage fermé par un bouchon fileté est ménagé à la partie inférieure de l’ogive. Ce mode de remplissage permet de remplir la cavité interne du projectile au maximum.
Extérieurement, cet obus est peint en gris avec les deux raies bleues indicatives du modèle 15cm Gr. 12 n/A ; il porte en plus sur le corps, deux croix vertes diamétralement opposées et une croix verte au culot ; le chiffre 83 est parfois peint sur le corps.
Poids total : 41,42 kg
Charge explosive : 20g dans la fusée et 145 g dans le tube central
Quantité de toxique : 3,9 litres
Amorçage : GR.Z 92 et GR.Z 17
Ce projectile fut utilisé également en chargement croix jaune.
Obus de 21cm 96 n/A Croix verte II
Septembre 1917
210 mm
796
116,500
10,6
soit 16 kg
GR.Z 92
Ce projectile est une modification de l’obus explosif de 21cm modèle 1896 transformé. L’ogive à été munie d’un œil de façon à recevoir une fusée de tête et la fusée de culot à été remplacée par un bouchon plein. Le tube central, rempli d’explosif (850 à 920 grammes de tolite), va d’un bout à l’autre de l’obus. Il est relié à un autre tube, vissé au fond de l’œil du projectile, par l’intermédiaire d’une bague de raccordement ; il est encastré à sa partie inférieure dans un logement ménagé dans le bouchon du culot. Un orifice de remplissage, fermé par un bouchon fileté, est ménagé à la partie inférieure de l’obus. Il est marqué du chiffre 84 sur le corps.
Poids total : 116,5 kg
Charge explosive : 850 à 920 g de tolite
Date d’introduction : septembre 1917
Ces munitions contiennent un nouveau type de toxique chimique, les arsines. Il s’agit de substances solides à base d’arsenic, susceptibles de traverser les masques de protection, et provoquant une violente et très forte irritation des voies respiratoires supérieures. Ces symptômes doivent rendre le port du masque intolérable. Les premiers pilonnages à l’aide de ces munitions se déroulèrent le 10 juillet 1917, dans le secteur de Nieuport. Leur utilisation passa complètement inaperçue, tant ces nouveaux obus étaient peu efficaces. En effet, les arsines se présentaient sous forme solide, dans une bouteille en verre noyée dans l’explosif du corps de l’obus, et devaient être vaporisées lors de la détonation de l’obus. Il semble qu’une grande partie du toxique était détruite par la chaleur engendrée par l’explosion et que le volume dans lequel le toxique se trouvait dilué était bien trop important pour obtenir des concentrations efficaces.
Ces obus existent en quatre calibres : 77, 105, 150 et 210mm. Les Services chimiques français n’identifièrent ces obus que fin août et début septembre 1917. Comme pour les obus croix verte I, nous supposons que l’introduction de ces différents calibres se fit simultanément.
Obus allongé de 7,7cm du type L.F.K GR. Croix bleu
Croix bleu
7,375
EKZ 17 ou
EKZ 16
Ces obus sont identiques à l’obus explosif. Sa hauteur totale est de 314mm ; sa ceinture d’une largeur de 8mm est située à 26 mm du plan du culot. Il possède une ogive vissée dont la hauteur verticale extérieure est de 27,5mm. L’épaisseur moyenne des parois est de 10mm. Le chargement explosif est constitué de 620 à 675g de tolite ; la bouteille de verre contient 105 à 140 g de toxique.
Ces obus étaient peint en bleu et leur ogive en jaune. Une croix bleu est peinte au culot de l’obus. Trois croix sont poinçonnées dans le métal à l’ogive. Une croix bleu est peinte au culot.
Hauteur sans fusée : 314 mm
Poids total : 7,375 kg
Charge explosive : 620 à 675g de tolite
Quantité de toxique : 105 à 140 g
Amorçage : E.K.Z. 16 ou E.K.Z. 17
Date d’introduction : août ou septembre 1917
Obus Croix bleu de 10,5cm allongé
105 mm
378
15,855
H.Z. 16 ou E.H.Z 16 ou
H.Z. 17
La charge explosive est composée de 850 grammes de tolite et de trinitronaphtalène, pour un poids total avoisinant les 1,2 kg. Le projectile contient environ 370 grammes de cyanure de diphénylarsine.
Hauteur sans fusée : 378 mm
Poids total : 15,85 kg
Charge explosive : 1,18 à 1,33 d’un mélange de tolite et de trinitronaphtalène
Quantité de toxique : 370 g de cyanure de diphénylarsine
Amorçage : H.Z. 16 ou E.H.Z 16 ou H.Z. 17
D’autres chargements seront introduit : chlorure de diphénylarsine et un mélange de N-éthylcarbasol et de chlorure de diphénylarsine (50/50).
Il existe un Obus croix Bleu de 150 mm : 15 cm Granate 12 n/A (Blaukreuz). En février 1918, cet obus n’a pas été identifié par les Services chimiques français, mais ces derniers en connaissent l’existence par des documents allemands. Son poids était de 41,225kg. Le contenu irritant, du chlorodiphénylarsine (1,350 kg), était enfermé dans une bouteille de verre, placée dans un cylindre en carton et maintenue par un ciment à l’oxychlorure de magnésium (600g). Il est armé d’une fusée Gr.Z. 14 n/A ou Gr.Z. 17 ; la charge explosive était constituée de 3 kg 275 de tolite qui produisaient une explosion comparable à celle de l’obus explosif du même calibre. Peint en gris, il portait deux croix bleus sur le corps.
15 cm Granate 12 n/A (Blaukreuz).
Hauteur sans fusée : 546 mm
Poids total : 41,22
Charge explosive : 3,22 kg de tolite
Quantité de toxique : 1,35 kg
Amorçage : Gr.Z. 14 n/A ou Gr.Z. 17
Date d’introduction :
Obus Croix bleu de 210mm
116,5
Ces munitions sont chargées en sulfure d’éthyle dichloré, ou Ypérite. Ce nouveau toxique de combat bouleversa les certitudes acquises depuis le début du conflit en matière de guerre chimique. En effet, son action s’effectue au travers de la peau, et sa persistance sur le terrain est particulièrement longue. Son action vésicante ne fut pas l'effet recherché par les chimistes allemands lors de son introduction. Ils recherchaient avant tout un toxique d'action retardée, permettant d'intoxiquer un combattant sans qu'il s'en aperçoive. La découverte de son action vésicante fut une totale surprise pour les militaires allemands.
La production de l’ypérite débute au début de l’année 1917. La première utilisation de ces munitions à lieu dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, sur les troupes britanniques en position près d’Ypres. Jusqu’à la fin du mois de juillet, plusieurs bombardements ont lieu dans le secteur britannique et de la Ier armée. Puis, dans les trois premières semaines du mois d’août, c’est le secteur de Verdun qui est touché, avec des bombardements toutes les nuits. Les premiers obus utilisés étaient du calibre de 77mm ; leur fusée est d’un type nouveau : fusée E.K.Z. 17 instantané, qui provoque l’éclatement de l’obus un peu plus tôt qu’une fusée percutante classique. Les calibres de 105 et 150 mm semblent avoir été introduits à la fin du mois de juillet, ou au début du mois d’août. Un rapport français datée du 2 août 1917 en fait mention. Le calibre de 210 semble introduit en septembre 1917 ; il ne semble pas que les Services chimiques français aient pu analyser un de ces obus, de fait, nous ne connaissons pas ses caractéristiques précisément.
Obus allongé de 77mm, du type 7,7cm L.F.K GR. croix jaune
Juillet 1917
Croix jaune
7,08
0,670
E.K.Z. 17
Ces projectiles sont semblables aux projectiles de 7,7cm du type L.F.K GR. Croix Verte I. Ils sont marqués de deux croix poinçonnées à l’ogive. Sur le corps sont peintes deux croix jaunes diamétralement opposées plus une au culot. L’explosif est réduit à ce que contient la fusée, soit 22 grammes. Le projectile contient environ 0,59 litres d’ypérite, qui laissent un espace vide dans le corps de l’obus.
Poids total : 7,08 kg
Charge explosive : 22 g
Quantité de toxique : 0,67 litres de volume utile, mais seulement 0,58 litres environ d’ypérite.
Amorçage : E.K.Z. 17
Date d’introduction : juillet 1917
Obus croix jaune de 105mm
Août 1917
15,500
1,4
E.H.Z. 17
Ces projectiles sont extérieurement semblables aux projectiles de 105mm croix verte. Ils sont marqués de deux croix jaunes opposées sur le corps de l’obus et de deux croix poinçonnées à l’ogive. Le chargement explosif est constitué de 55 ou 23 gramme d’explosif, suivant la fusée utilisée. Le chargement toxique est différent en fonction du type de munition. Il peut être composé de :
bromacétone ou palite pour les croix vertes simples.
Chlorure de diphényl carbylamine ou un mélange de palite et chloropîcrine (dans les proportions environ 60/40).
Un mélange d’oxyde de méthyl dichloré, de dichloroéthylarsine et de dibromométhyléthylazrsine en proportion variable (voir croix verte 3 en 1918).
Poids total : 15,5 kg
Charge explosive : 55 ou 23 gramme d’explosif, suivant la fusée utilisée
Quantité de toxique : 1,4 litres
Amorçage : E.H.Z. 17
Date d’introduction : fin juillet ou début août 1917
Obus croix jaune de 15cm modèle 1912 n/A.
A-t’il existé ou passage directement en Gr 12 n/A à tube central ? Nous l'ignorons.
Voir 15 cm modèle 1912 n/A à croix verte II
547 ?
?
3,9 (ou 4,5 kg)
Gr.Z 92
Hauteur sans fusée :
Poids total :
Charge explosive :
Quantité de toxique :
Amorçage :
Obus croix jaune de 21 cm
? sept17
116 kg
Gr.Z 92 ou Gr. Z 17
Il porte comme marque distinctive le chiffre 86 peint sur le corps. Il est identique au croix verte 2.
Obus croix jaune de 21 cm modèle 1896 n/A
Poids total : 116 kg
Charge explosive : 850 à 920 kg
Amorçage : Gr. Z 92 ou Gr. Z 17
Gasmine de 25 cm du type Kurze schware Wurf Mine
La première utilisation recensée de ces munitions date des 23 et 24 février 1917 au bois des Loges. L’un de ces projectiles, retrouvé intact, à été désamorcé par Monsieur Duval-Arnould, officier chimiste au G.A.N.. Malheureusement, le projectile fuyait abondamment et il fut impossible d’en recueillir le liquide « Le liquide s’est mis à bouillir à l’air libre, une violente odeur d’oxychlorure de carbone et de chlore se faisait sentir. Les fumées, d’abord blanches, se sont dégagées, puis jaune verdâtre, très abondantes quand j’ai vidé le contenu sur le sol ».
Le projectile chimique est identique au projectile explosif. Sa hauteur est de 592mm. Sa ceinture en zinc, large de 38mm, est située à 10 mm du plan du culot. Ce dernier est une pièce rapportée, maintenue par 4 tenons ; l’étanchéité est assurée au ciment magnésien ; il apparaît donc que ce projectile n’est pas destiné à recevoir des gaz liquéfiés capables d’exercer une pression appréciable sur les parois.
Il est muni de la fusée Z.s.u.m.W.M. Sur l’œil du projectile est vissé la bague de raccordement habituel, prolongée ici par une gaine cylindrique de 4 à 5 mm d’épaisseur pour 200mm de longueur et 65mm de diamètre. L’étanchéité est assurée au ciment d’oxychlorure de magnésium.
Le projectile est peint en gris et porte 3 bandes blanches circulaires de 16 mm d’épaisseur situées respectivement à 75, 102 et 132 mm du plan du culot. Il porte également, peint en blanc, la lettre D qui indique la nature du chargement, ainsi que la date et le lieu du chargement. Plusieurs signes sont estampés sur le corps du projectile.
La charge explosive est constituée par 280g de tolite dont la moitié est pulvérulente et l’autre moitié est fondue. Au centre de la partie fondue est placé un cylindre fumigène contenant un mélange phosphore-arsenic. Ce cylindre est marqué : Dynamit fabrik Wahn Ph. As 1916.
Le projectile vide pèse 34,400kg, 36,200kg avec se fusée. Son poids chargé est de 58,4kg. Son volume total est de 18,800 litres. Ainsi, son rendement est de 32 %.
Ces projectiles sont chargés en phosgène.
Hauteur sans fusée : 592 mm
Poids total : 58,4 kg
Charge explosive : 280 g de tolite
Quantité de toxique : 18,8 litres
Amorçage : Z.s.u.m.W.M. ou Z.s.W.M.
Date d’introduction : février 1917
Rendement : 32%
Gasmine de 7,5 cm d’un modèle nouveau (rapport G 656, N° d’entrée au laboratoire : 729)
Ce projectile est transmis par le Lieutenant Coignon, officier chimiste de la IVe Armée. Il a été trouvé dans le secteur du 88e R.I., secteur de l’esplanade, à 2km à l’est de la Villa Marquise. Cette munition, trouvé à la fin de février 1917, datait de l’attaque du 31 janvier 1917.
Ce nouveau projectile est plus petit ; il ne mesure que 247mm (pour 275mm précédemment). Sa forme est proche de ceux décrits à la fin de l’année 1916. Sa ceinture en zinc, de 15mm de large, est située à 33mm du plan du culot. Le bouchon du culot est en acier, il est vissé et percé de 6 trous. Son épaisseur n’est que de 10mm, ce qui fait que la chambre à poudre a un volume supérieur à celui des minens précédents.
L’ogive est rapportée puis soudée. La gaine relais de 3 à 4 mm d’épaisseur ne porte aucun trou de remplissage ; celui-ci est percé dans l’obus même, à la partie supérieure de la cavité intérieure. Ce dispositif permet de remplir plus complètement le projectile (les anciens minen n’étaient remplis qu’au deux tiers environ).
Ce minen est peint en gris et comporte 3 bandes circulaires blanches de 1cm de largeur, situées à 90, 110 et 130 mm du plan du culot.
Son poids total est de 4,03kg, pour un volume de phosgène de 0,515 litres. Son rendement est donc de 12,78 % (contre 10,5% pour les précedants).
Ce projectile, emplie de phosgène pur, est spécialement aménagé pour son emploie comme projectile chimique et son rendement effectif est notablement supérieur aux précédents.
Gasmine de 7,5 cm d’un modèle nouveau
Hauteur sans fusée : 247 mm
Poids total : 4,03 kg
Charge explosive : 18 g de mélinite
Quantité de toxique : 0,515 litres.
Amorçage : L.W.M.Zdr.2 ou AZ. 16 fLW.M.
Date d’introduction : janvier 17
Rendement : 12,78%
L’année 1917 est une année charnière pour la guerre chimique. Si les deux premières années des hostilités chimiques furent celles de nombreux essais et tâtonnement, la période qui débutait en 1917 fut celle de l’entrée dans l’ère industrielle. Les Allemands, après deux années d’innovations ratées semblèrent réaliser le potentiel, maintenant révolu, de l’arme chimique au moment de son introduction sur le champ de bataille. Ce potentiel leur avait échappé parce que, pour chacune de ces innovations techniques, il n’avait cherché à l’exploiter que plusieurs mois après son premier essai, alors que l’adversaire avait pris et diffusé des mesures de protection efficace.
Depuis la fin de l’année 1916, les progrès réalisés dans le domaine des appareils de protection respiratoire, rendaient illusoire la neutralisation d’un adversaire maintenant correctement protégé, autrement que par la surprise. Il était admis que les concentrations en matières toxiques, obtenues suite à l’explosion d’un projectile, ne dépassaient jamais l’ordre du gramme par mètre cube (en dehors du voisinage immédiat du point d’éclatement). On admettait que lors de circonstances exceptionnelles et dans le cas de pilonnage massif réalisé par une concentration de pièces importantes, on pouvait espérer une concentration maximale de l’ordre du demi gramme par mètre cube, durant une période extrêmement brève. Ces pics de concentration étaient très nettement insuffisant pour percer, même momentanément, la protection réalisée par les masques en usage. Les concentrations moyennes obtenues lors de tirs prolongés réalisés dans la région de Verdun à l’été 1916, à l’aide de quantités extrêmement importantes d’obus chargés en surpalite, ne permirent jamais, malgré les prédiction des scientifiques allemands, à épuiser les masques français. Des masques M2, qui furent portés pendant une douzaine d’heures, dans une concentration élevée de Surpalite lors d’un bombardement au fond d’un ravin de la région de Verdun, présentaient encore une capacité de filtration très élevée. Testés dans une concentration de 1 gramme par mètre cube de palite, ils restaient encore efficaces durant trois heures, alors que la durée pour un masque neuf est de quatre heures dans les mêmes conditions. Sur l’ensemble des appareils testés après les bombardements chimiques extrêmement violents et prolongés de l’année 1916, tous les masques portés par les combattants et examinés présentaient encore une efficacité de deux à trois heures. La technique allemande de tir sur zone, appliquée à d’énormes surfaces, montrait ici son peu d’efficacité.
A la fin de l’année 1916 et au début de 1917, les projectiles de 7,7cm, qui avaient été utilisés lors des attaques sur Verdun, à l’aide d’énorme quantités de projectiles, furent délaissés au profit de munitions au rendement plus élevé et transportant des quantités de toxique plus importante, les 10,5 et 15cm (un obus de 7,7cm dans sa version modèle 1915 permettait de transporter 0,3 litres de toxique contre 1,4 litres pour le projectile de 10,5cm et 2,3 litres pour le 15cm). Ceci se faisait au détriment de la cadence de tir, moindre sur les bouches de moyen calibre que sur celles de 7,7cm. Les nouvelles instruction sur l’utilisation des munitions croix verte, distribuées en février puis avril 1917, ne changèrent en rien les techniques utilisées. Pour les tirs d’efficacité (alias tir sur zone), les quantités de projectiles recommandées étaient, pour une surface de un kilomètre carré et un tir de 6 à 8 heures : 12.000 coups de 7,7cm ou 6.000 coups de 10,5 cm ou 3.000 coups de 15cm. Ces nouvelles instructions s’étaient largement inspiré des techniques utilisées par l’artillerie française durant l’année 1916, et fixaient également des méthodes de tir pour les tirs dits de harcèlement, qui devaient permettre de surprendre l’ennemi avant qu’il ait eu le temps de mettre son appareil de protection. Ces tirs nécessitaient l’utilisation de 100 coups de 7,7cm ou 50 de moyen calibre (10,5 et 15cm) en moins de deux minutes. Selon les calculs des Services chimiques français, la surface battue en fonction des écarts probables, représentait un carré de 50 mètres sur 100, soit 5.000 mètres carrés, ou encore un coup pour 50 mètres carré. Avec des produits persistants (à évaporation lente) comme ceux utilisés dans les munitions croix verte, les concentrations obtenues étaient largement en dessous de celles nécessaires à tuer un homme surpris sans masque.
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