Bayer fut la première à participer à la production
de gaz de combat, dès 1914, en lançant la production de chlorosulfate de
dianisidine en octobre 1914, destiné au chargement des obus Ni. Puis, en
janvier 1915 elle débuta la fabrication de la bromacétone à raison de
60 tonnes par mois (683 tonnes furent livrées jusqu’à fin 1915), et de
bromure de Xylyle sur le pied de 60 tonnes par mois.
En juin 1915, elle lança la construction d’une
installation grandiose pour la production de 300 tonnes mensuelles de
Surpalite, dont elle produisit 7900 tonnes.
En juillet 1916, elle commença à synthétiser la
chloropicrine à raison de 200 tonnes par mois, pour un total de 2670
tonnes.
Puis, au printemps 1917, elle construisit un atelier
pour la production du sulfure d’éthyle dichloré (Ypérite) capable
d’en produite 300 tonnes par mois. Elle en produira 4 500 tonnes
d’ici à l’Armistice.
Un atelier de chargement de Minens et de bombes fut
directement créé au sein de l’usine de Leverküsen, en janvier 1915.
Le chargement des projectiles chargés de substances C,B et K était réalisé
sur place.
Au final, elle produisit 20 710 tonnes de
substances toxiques destinées à un usage militaire.
Elle débuta sa coopération avec l’Armée
allemande dès la fin de 1914. En 1915, elle produisit 685 tonnes de
bromacétone.
A partir de fin 1915, elle monta en même temps que
l’usine de Leverküsen une immense installation pour la fabrication de
la surpalite dont elle livra au total 3616 tonnes.
Elle produisit en outre :
1120 tonnes de chloropicrine (Klopp)
721 tonnes de chlorure de phénylcarbylamine (K2
Stoff)
1092 tonnes de dichlorure d’éthylarsine (Dick)
3000 tonnes de chlorure de diphénylarsine (Clark)
233 tonnes d’oxyde de méthyl chloré (Cici)
69 tonnes d’oxyde de méthyle bromé (Bibi)
Sa production de chlore atteignait 240 tonnes par
mois.
A partir d’avril 1915, l’usine fut responsable du
chargement des substances B et T en projectiles.
3)
Badische Anilin und Soda Fabrik (BASF) à Ludwigshafen.
Sa proximité du front limita sa participation à la
Guerre chimique ; de mars 1915 à novembre 1918, elle subi 18 opérations
de bombardements.
Elle produisit pendant la Guerre 40 000 tonnes
de chlore dont 25 furent destinnées aux gaz de combat. Elle produisit 14 281
tonnes de phosgène dont les 4/5 furent livrées pour usage de guerre aux
usines de Leverküsen, Höchst, Griesheim et Breloh.
La chloropicrine fut fabriquée à partir de novembre
1916 ; 288 tonnes furent livrées à Leverküsen et Höchst.
Elle réalisa un gros effort sur les produits intermédiaires.
Elle produisit 1600 tonnes d’acide phénylarsinique, 840 tonnes
d’oxyde d’éthylarsine. En 1917, le Ministère de la Guerre lui confia
des commandes pour la fabrication du thiodiglycol à raison de 200 tonnes
par mois. Elle en livra 7 026 tonnes à Leverküsen et à Griesheim
pour la fabricatin de l’Ypérite.
4)
Chemische Fabrik Griesheim Elektron à Francfurt am Main.
Elle livra : 950 tonnes de Lost (Ypérite) et 956
tonnes de charbon destinné aux cartouches de masques.
5)
Aktien Gesellschaft für Anilin Fabrication (AGFA) à Berlin.
Les usines de cette société ont fabriqué :
125 tonnes de dyphénylchloroarsine
1045 tonnes de dyphénylcyanarsine
1740 tonnes de d’acide phénylarsinique
1142 tonnes d’acide dyphénylarsine
406 tonnes de monophényldichlorarsine.
6) Léopold Casella et Cie à Francfurt am Main.
Elle livra :
957 tonnes de dyphénylchloroarsine
454 tonnes de Chlorure de phénylcarbylamine
7) Kalle et Cie
Elle livra à Hochst :
1200 tonnes d’acide phénylarsinique et l’isoxylforcyanate
de phényle destiné à la fabrication du chlorure de phéntlcarbylamine
(K2 Stoff).
8) Kahlbaum à Berlin Adlershof
Elle fabriqua et livra en 1915 et 1916 :
874 tonnes de B et Bn Stoff
700 tonnes de T Stoff.
Un atelier de chargement des mêmes substances y fut
créé.
On peut ajouter la Chemische Fabrik Heyden à
Dresden-Radebeul qui produisit également du phosgène et la Chemische
Fabrik E. Schering à Berlin qui produisit des arsines en bouteilles de
verre destinées au chargement en projectiles.
On voit ainsi que près de la moitié des substances
utilisées furent produites par une seule usine, la Farbenfabriken de Friedrich Bayer et Cie à Leverküssen,
avec plus de 20 000 tonnes. Cette usine était dirigé par Carl Duisberg,
qui entretenait d'étroits contacts avec le Ministère de la Guerre et le
major Max Bauer, en charge du développement des armes chimiques au sein
de l'OHL. Duisberg fut aussi à l'origine de la création du groupe
d'intérêt des usines chimiques connu sous le nom d'I.G. Farben,
groupement qui réunissait également la BASF (Badische Anilin und Soda Fabrik
à Ludwigshafen) et AGFA (Aktien Gesellschaft für Anilin Fabrication). L'IGFarben
produisit au sein de ces trois usines plus de 60% des armes chimiques
utilisées par l'Allemagne pendant le conflit.
Au final, on peut résumer la production chimique de
l’ensemble de ces usines ainsi :
Bromacétone : 1368 tonnes
Bromométhyléthylcétone : 470 tonnes
Palite : 1055 tonnes de 1916 à 1918.
Bromure de Xylyle : 950 tonnes par Leverküsen
et Hochst, 700 tonnes par Kahlbaum à Aldershof, soit 1650 tonnes.
Diphosgène : 873 tonnes en 1915 et 12190 tonnes
de 1916 à 1918
Chloropicrine : 4065 tonnes
Ypérite : 7659 tonnes
Chlorure de diphénylarsine : 3327 tonnes
Cyanure de diphénylarsine : 3570 tonnes
Dichlorure d’éthylarsine : 1093 tonnes
Oxyde de méthyle dichloré : 351 tonnes
Oxyde de méthyle dibromé :
69 tonnes
Phosgène : 17000 tonnes (peut-être au-delà,
à hauteur de 23 600 tonnes)
Nombre de Projectiles chargés et utilisés durant le
conflit :
Première période,1914-1915 : Environ 1 000 000
de projectiles, obus et minens, consistant essentiellement en projectiles
de 15cm Modèle 1912, chargés dans les usines chimiques.
Deuxième période : munitions croix verte,
environ 9 236 460 projectiles
Munitions croix jaunes : 6 594 760
projectiles
Munitions croix bleu : 14 715 179
projectiles (8,6 millions de coups en 7,7cm, 1,7 millions en 10 cm, 320 230
en 15cm).
Au total, on arrive à 31 545 000
projectiles, tous calibres confondus.