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Les cartouches filtrantes pour masques allemands.
En avril 1915, le chimiste allemand Fritz Haber demanda à plusieurs firmes privées de lui soumettre leurs propositions techniques pour la réalisation d'un appareil de protection. Le Kaiser Wilhelm Institut se chargea d'arrêter la substance chimique neutralisante devant être utilisée. Le nouveau masque avait la particularité de posséder un système de filtration inédit, une cartouche métallique interchangeable située sous l'appareil. Cette cartouche amovible présentait l'avantage de pouvoir faire évoluer rapidement la technique de filtration, sans changer de masque. De fait, son contenu fut sans cesse amélioré et plusieurs modèles se succédèrent. I) Premier modèle, septembre-octobre 1915.
La cartouche est constituée par une boîte métallique tronconique, de 10 cm et 9 cm de diamètre aux bases et 4,3 cm de haut. Dans cette boîte est placé le mélange filtrant, séparé du fond par une toile métallique et maintenu dans la boîte par une autre toile et un disque se fixant dans des encoches. Ce produit neutralisant pèse 180 grammes et est constitué par un aggloméré de petits fragments de ponce très poreux (30%), enrobés dans un charbon végétal finement pulvérisé (10,7%) et imprégné d'hyposulfite et de carbonate de soude. Les premiers exemplaires semblent avoir fait leur apparition au mois de septembre 1915. II) Modèle 1915, modèle 21/8, filtre mono-couche ou Einschichteneinsatz.
Ces cartouches viennent remplacer les précédentes assez rapidement, puisqu'un rapport français signale leur présence dès le 29 octobre 1915 (rapport G.102 de Mr Kling). L'embase du masque à été modifié de façon à pouvoir visser ces nouvelles cartouches dessus. Cette embase à 100 mm de diamètre et est munie en son centre d'un écrou dans lequel vient s'adapter la vis de la cartouche. Ce système permet de changer la cartouche pendant une attaque, en gardant le masque sur le visage et en obturant hermétiquement l'embase du masque avec la main La cartouche est une boîte tronconique de 95 et 80 mm de diamètre aux bases et de 50 mm de haut ; elle porte sur sa base supérieure un vis creuse de 40 mm de diamètre. Sa base inférieure est fermée par une toile métallique protégée par une grille de fils de fer entrecroisés maintenus en place par un croisillon serti en tôle découpée. Son contenu est différent : l'hyposulfite et le carbonate de soude sont remplacés par du carbonate de potasse (21%). Ce mélange assure une protection moyenne contre le chlore, mais reste perméable au phosgène et aux substances lacrymogènes.
III) Modèle 11/11, filtre à 3 couches ou Dreischichteneinsatz (1916) A) Premier type
Les première cartouches filtrantes allemandes devaient se révéler très peu performantes. Aussi, dès leur apparition, de nouvelles recherches étaient menées pour les rendre plus efficaces. Fin novembre 1915, les travaux aboutirent à une nouvelle cartouche composée de trois couches successives, chacune séparée par un cloisonnement (constitué d'une fine toile métallique et d'une ou deux rondelles de mousseline). Au fond, la grille métallique à été remplacée par une tôle percée.
Le premier compartiment (en haut sur le schéma ci-dessus) renferme environ 26 g de pierre ponce traitée à l'Urotropine (hexaméthylène tétramine) dans le but de neutraliser le phosgène. Le deuxième, au milieu, est rempli d'environ 125 g de charbon végétal en petits fragments de la grosseur de grains de riz ; il assure la neutralisation des substances lacrymogènes. Enfin, le dernier, en bas, est rempli d'environ 85 g de ponce recouverte d'une légère couche de charbon en poudre. Le tout est imprégné de carbonate de potasse. Ces cartouches font progressivement leur apparition à partir de janvier 1916. B) Deuxième type Vraisemblablement en décembre 1916, les cartouches deviennent plus profondes par déplacement de 5 mm vers le haut du grillage placé à la partie supérieure, de façon à augmenter l'épaisseur des substances neutralisantes dans la cartouche (10g en plus), et renforcer la protection. Extérieurement, la forme de la cartouche change légèrement (voir ci-dessous). La granulation du charbon est plus fine qu'auparavant de façon à baisser la résistance au passage de l'air.
Il existe des cartouches portant des marquages particuliers : figure en blanc un V, un C ou une croix blanche. Elles sont datées de février 1917 à avril 1917. Nous en ignorons la signification. Ces cartouches ne se distinguent des autres que par le remplacement de la toile métallique entre les différents granulés, par une toile métallique peinte en rouge brun brillant. A partir de ce moment, les cartouches portent systématiquement (renseignements de la Commission de Protection des Services Chimiques français) : Un numéro de laboratoire, à l'encre noire. Une marque de la fabrique d'origine (AGFA, Bierdet, WO-B, Kahlbaum, GJB, B.). Une date de fabrication. Le type de la cartouche (11-11, 11-C-11). Un numéro en rouge dont la signification nous est inconnue. IV) Modèle 11/C/11, filtre à 3 couches ou Dreischichteneinsatz (1917) Ces cartouches apparaissent vraisemblablement à partir de mai 1917 (le modèle 11-11 deuxième type se rencontre encore avec des dates au delà du mois de mai 1917 ; on imagine qu'il s'agit du temps nécessaire à la liquidation des stocks) . Elles portent le marquage 11-C-11 à l'encre noir. Le contenu en charbon végétal à été augmenté au détriment des granulés de pierre ponce. Cette modification a pour but d'augmenter les capacités de filtration (particulièrement vis à vis des lacrymogènes) et de réduire la gêne respiratoire. La forme extérieure de ces cartouches est identique au modèle 11-11 deuxième type.
V) Modèle 1918, filtre à 2 couches ou Sonntagseinsatzes. Ces cartouches apparaissent vraisemblablement à partir du mois de juillet 1918. La dernière couche de carbonate de potasse imprégné sur de la ponce est maintenant remplacée par du charbon actif. Du zinc est également ajouté à la composition.
Appareil allemand pour éprouver la résistance des cartouches respiratoires : Atemwiderstand Feldprufer (adopté le 25/10/1916).
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