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La protection contre le monoxyde de carbone.

Le monoxyde de carbone est un gaz lourd, inodore et incolore. Bien qu’il soit toxique, ses propriétés ne permettent pas d’envisager son utilisation comme gaz de combat. Aussi, l’étude de la protection contre ce gaz ne fut pas envisagée immédiatement. Pourtant, de nombreux cas d’intoxication furent relatés et plusieurs rapports émanant souvent de pharmaciens de l’avant mettaient en évidence ce problème. En effet, le monoxyde de carbone se dégage lors de la combustion de la poudre des munitions et des explosifs et il peut s’accumuler dans les galeries des abris. Cela est particulièrement important dans les abris de mitrailleuses où l’arme en action est responsable de la production de grosses quantités de gaz qui se répand et s’amasse dans l’espace clos. C’est un pharmacien, le professeur Desgrez, qui va chercher une solution en s’occupant depuis avril 1915 des problèmes de la protection collective. A son laboratoire et avec l’aide de son collaborateur également pharmacien, Labat, il travaille notamment sur la protection des abris et la neutralisation des toxiques dans les tranchées. Le 31 mai 1916, il propose à la Commission un papier au chlorure de palladium qui a la particularité de changer de couleur en présence de monoxyde de carbone. Une semaine plus tard, il propose également un petit appareil permettant d’utiliser ce papier : un simple flacon dans lequel est positionné le papier indicateur et une poire pour aspirer l’air à l’intérieur du flacon. L’appareil est adopté et rendra de nombreux services. Il permit de conclure que, concernant les abris de mitrailleuses, il fallait se contenter d’interdire le calfeutrage et faire sortir au maximum le canon de l’arme en dehors de l’abri. Puis, après l’apparition des premiers chars et l’utilisation de mitrailleuses à l’intérieur de ceux-ci, le problème des intoxications au monoxyde de carbone redevint inquiétant. Desgrez essaya alors de mettre au point un appareil de protection contre l’oxyde de carbone, avec la collaboration de Labat, ainsi que des sous-lieutenants Savès et Lévy-Bruhl. Ces deux derniers mettront au point un déflecteur de gaz pour mitrailleuse Hotchkiss qui permettait de refouler vers l’extérieur les gaz d’emprunt qui actionnaient le piston récupérateur vers l’arrière. Le système sera breveté en septembre 1917 et équipera les mitrailleuses de tourelle des chars ainsi que les mitrailleuses sous casemate. Si le déflecteur apportait un mieux, il restait insuffisant pour éviter les intoxications.

Au début du mois d’avril 1917, Desgrez invita les membres de la Commission à assister dans son laboratoire à des expériences de protection contre le monoxyde de carbone à l’aide d’un appareil spécialement conçu. Les membres seront tous enthousiasmés par l’appareil, et Desgrez présentera alors le 12 avril un rapport sur celui-ci. Il utilisait l’action oxydante de l’anhydrique iodique en présence d’acide sulfurique, qui transformait le monoxyde de carbone en dioxyde de carbone, qui pouvait alors être absorbé par de l’oxylithe. Entre le compartiment contenant la ponce iodico-sulfurique et celui contenant l’oxylithe, on plaçait un tampon de tournure de cuivre, retenu par une toile métallique, destiné à fixer l’iode libéré par la réaction. Mais la mise au point va prendre du retard, et l’appareil est présenté à la suite de modification le 25 juillet 1917 puis le 25 novembre 1917. A cette date, l’appareil baptisé LD, des initiales de ses concepteurs, pouvait être mis en fabrication comme le confirmait la note de Desgrez, rédigée à l’intention de la Commission. Pour en faciliter la construction, les inventeurs s’étaient attachés à employer uniquement du matériel entrant déjà dans la composition de certains appareils de protection. La cartouche filtrante était réalisée par une boîte métallique servant au rangement du masque M2. Elle était divisée intérieurement en deux compartiments inégaux par une cloison laissant au niveau du fond une large communication entre les deux compartiments. Le fond de la boîte (étant en fait le dessus de l’appareil, puisque la boîte était utilisée à l’envers) présentait deux orifices mettant en communication un des compartiments avec les voies respiratoires et l’autre avec l’air extérieur. Le tube en tissu caoutchouté se fixait à l’appareil par une bague à oreille et filetée ; son extrémité supérieure s’adaptait à un tube coudé, lui-même relié soit à un embout buccal, soit à un masque en caoutchouc identique à celui des appareils Tissot. Le tube, l’embout et le masque seront logés dans un étui métallique. L’appareil et l’étui seront rangés dans un sac de toile. Malheureusement, l’appareil n’était pas encore parfaitement au point et il allait subir plusieurs modifications. En premier lieu, le volume de la cartouche filtrante sera augmenté pour faciliter la réaction. Toujours dans un souci de faciliter la production, on utilisera cette fois une boîte en fer destinée auparavant à protéger les vivres. L’appareil sera logé dans une boîte en bois mesurant intérieurement 14x14x24cm, divisée en deux. Le premier compartiment contenait la cartouche filtrante et le second recevait le masque, l’embout buccal et le tuyau. Il se positionnait sur la poitrine, une sangle passant autour du cou et une autre fixant l’appareil contre le corps, entourant l’abdomen. L’appareil protégeait pendant 45 à 60 minutes dans de fortes concentrations de monoxyde de carbone. Il sera enfin adopté le 11 mars 1918 et sa production commencera. Alors que 18 500 unités étaient en cours de fabrication, on souhaita rajouter au contenu de la cartouche filtrante du charbon actif pour rendre l’appareil polyvalent. Le 31 mai 1918, la modification semblait au point et protégeait pendant au moins 5 minutes contre tous les gaz, excepté la dichlorophénylarsine. Les exemplaires produits par l’ECMCG seront alors modifiés pour devenir polyvalents. Mais, à la fin du mois de juillet, Desgrez s’aperçut que les poussières de charbon de bois réagissaient avec l’oxylithe et épuisaient l’appareil avant son utilisation. On dut revenir ainsi au chargement initial et le modèle définitif sortira au mois de septembre 1918. Le masque était alors pratiquement identique à celui du Tissot, excepté la tubulure multiple, les tuyaux d’œillères, le protège-soupape et l’écarteur. Le masque se fixait au tuyau par le système d’attache rapide du Tissot petit modèle, la fabrication de l’attache fixe du grand modèle ayant été abandonnée. Le tuyau souple était celui du petit Fenzy, les dimensions de la boîte filtrante étant ramenées à celles de l’étui du M2. Il protégeait efficacement son utilisateur pendant une heure et assurait en plus une protection contre les vapeurs nitreuses, ce qui semblait intéresser les canonniers de la Marine. Après de nombreux essais, l’appareil commençait à être livré, lorsque l’Armistice fut signé.

 

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